vendredi 22 août 2008

Sur un air de Jacques Brel, "J'ARRIVE", 1968...

Prendre les petits instants heureux. Avidement. Les savourer, s’en souvenir.

Pratiquement une semaine que nous ne sommes plus que tous les deux.
La semaine dernière a été bien occupée. Mon père était là, une amie est venu plusieurs jours, mes enfants étaient là, nous avons reçu d’autres amis… du monde et du bruit.

Ma-dame est apaisée. Nous sommes bien tous les deux. Nous continuons notre projet. J’ai envoyé l’accord pour la proposition de prêt reçue de la banque : en route pour les 20 ans d’endettement ! Il m’arrive encore de me réveiller avec le cerveau en ébullition : comment allons-nous gérer les transports entre le futur domicile, ceux des ex et les écoles ? Et la répartition des chambres ? Et les travaux ? Et les activités extrascolaires ? Et le budget (il y a le studio de grande-majeure avec le gaz, l’eau, l’électricité, le téléphone, Internet… ) qui sera très séré pendant au moins un an et et et… et puis, je me lève, je prends un café, un bout de pain et je redeviens plus « zen », fatigué, mais plus lucide. Il faudra de l’organisation, comme actuellement. La difficulté c’est de mettre en place une nouvelle organisation, de devoir trouver de nouveaux repères, mais nous y arriverons.

J’avance dans l’âge (comme beaucoup de monde en fait…) et je sais que tout est toujours très compliqué « avant » et puis quand vient « après », on se dit que c’est fait, c’est passé, fini.
Ce qui m’ennuie le plus, c’est le déménagement. Avec cette vieille amie (amie de longue date devrais-je dire !) qui nous a rendu visite, nous avons calculé que je déménage tous les 3 ans en moyenne. Il faut dire que les dernières années ont fait augmenter la moyenne. Je ne devrais pas être plus ennuyé que cela, c’est presque une habitude…
Cette amie de longue date, j’en ai déjà parlé. C’est celle qui n’arrive pas à tourner la page, à quitter celui qui la mène en bateau et la fait souffrir. En venant ici, elle m’a vu dans ma nouvelle vie et elle a vu mon ex-femme dans sa nouvelle vie. Je crois que cela l’a perturbé. En nous voyant, elle a imaginé son mari (et oui, ils sont séparés mais pas divorcés) dans sa nouvelle vie. Car lui, il a déjà une nouvelle vie. Il repasse chez lui de temps en temps, comme un fils chez sa mère, mais il vit autre part. Et elle, elle n’a pas compris qu’elle était comme une deuxième mère pour lui. L’image qui me passe en tête, c’est vraiment cela, un étudiant qui habite chez sa mère, passe de temps en temps, découche quand il est sur un « coup », et n’arrive pas à se lancer (l’homme enfant…). J’espère qu’elle aura avancé sur le chemin de la rupture nette et définitive. Elle mérite d’ouvrir les yeux et de penser à elle. J’espère que nous aurons participé à une sorte de prise de conscience. Je crois qu’elle va se battre.

Mon père était bien, entouré mais tranquille. Tranquille car il ne s’intéresse pas vraiment aux autres. Pas de discussion avec mes enfants. Ma-dame a été frappé de ne jamais entendre la moindre anecdote sur moi. Il parle de ses collègues, de ses amis, de lui, mais jamais de moi. Je n’y avais pas fait vraiment attention. Je ne suis pas surpris. Et moi, je parle de mes enfants ? Je le crois oui. D’ailleurs, je dois en parler un peu sur ce blog…
Il m’énerve et m’attendri. Très mitigés mes sentiments. Mais je n’aime pas le quitter. J’ai toujours peur que ce soit la dernière fois que nous nous voyons.

Mes enfants sont jaloux. Il faut vraiment faire attention dans une famille recomposée. Il faut répéter sans cesse, les liens particuliers qui nous unissent. Il faut les rassurer : « J’essaye de traiter tout le monde de la même façon, mais vous, vous êtes mes enfants ». Le dire et le redire. Le prouver et le prouver encore. Bande de petits chéris, vous ne me ménagez pas beaucoup.

En fait, tout le monde doit être rassuré : mes enfants (oui je vous aime, je pense en permanence à vous, et même si je veux mon bonheur, ce ne sera pas aux dépends du votre), ma-dame (non je ne suis pas un salaud déguisé en gentil et je ne vais pas te tromper), ses enfants (oui je vous respecte et je veux que vous soyez heureux, vous aussi), mon père (oui, je pense à toi, tu n’es pas seul et je ne te laisserai plus), quelques amis - amies devrais-je dire - (oui je pense aussi à vous, j’écoute vos problèmes et je vous donne mon opinion, et cela même si vous ne m’appelez que quand vous allez mal).

L’été tire à sa fin. Demain, ma-dame et moi partons (à nouveau !) à la mer. Mais cette fois, rien que nous deux, de vendredi à dimanche soir. Certes, il y aura un peu de monde sur la route, mais on s’en fout (si si, on s’en fout).
Après, l’année recommence vraiment. Mardi, je repars jusqu’à samedi après-midi à 9h d’avion.

Il y a 2 semaines, une amie s’est tuée en voiture. Une maman divorcée de 42 ans.

lundi 11 août 2008

De la fatigue et...des larmes...

Aujourd’hui, ma-dame a pleuré. Elle a peur. Peur de ce qui devrait être notre avenir commun. Peur de devoir revivre ces vacances à l’ambiance lourde, pesante. Si nous n’avions pas signé le compromis et versé un acompte, elle aurait fait machine arrière.

Grande-majeure a collé une pression monstre à tout le monde. Elle va mal, ça me fait de la peine mais elle a été très dure. Et du coup, ma-dame ne sait plus.

Et moi, j’en pense quoi ? Je pense que la perfection n’existe pas. Je pense que je me suis habitué aux défauts de mes enfants – et des miens – et que je pense pouvoir supporter ceux de ma-dame et de ses filles. Peut-être quelques ajustements de part et d’autre pour une vie commune harmonieuse et respectueuse sont-ils nécessaires.
Je pense que ma vie ne se fera pas avec grande-majeure qui a 19 ans même si elle est une partie de moi et de ma vie. Je l’aime terriblement mais elle va vivre sa vie et ma place sera de plus en plus petite.
Je pense qu’il y a bientôt 2 ans que nous sommes ensemble avec ma-dame et qu’il ne faut pas s’arrêter à 2 semaines à 8 dans un univers étroit.
Je pense que je n’ai pas à choisir mais à séparer : ma-dame et notre famille en recomposition d’un côté et grande-majeure de l’autre. Car grande-majeure détruirait cet effort de reconstruction et ma-dame ne serait pas assez forte pour supporter la tension.

Je pense que je pourrais tout laisser tomber. Mais ce n’est pas ce que je vais faire car je n’en ai pas envie. Donc, je vais essayer de faire en sorte que ma-dame retrouve le moral et soit convaincu du bien fondé de notre décision.

Mais c’est dur de voir des larmes sur les joues de ma-dame. Comme ça l’était quand grande-majeure en avait versé.

dimanche 10 août 2008

Pas un bilan mais...

Les vacances ont changé quelques petites choses. Grande-majeure et ma-dame ne s’aiment pas, c’est maintenant clair. Inutile de décrire ici les raisons de chacune, ce sont justement les raisons de « chacune » et donc pas très impartiale comme avis. C’est juste un paramètre supplémentaire à gérer.

Vivre à 8 dans un appartement, ça demande beaucoup d’efforts et de patience. Tout le monde n’en a pas toujours fait mais nous ne nous en sommes pas trop mal sortis. Il y a des choses que l’on remarque plus facilement quand on est dans un espace réduit. En ce qui me concerne, j’ai vu que ma-dame parlait d’elle dés que quelqu’un se plaignait d’une douleur ou d’un état. Par exemple « j’ai mal dormi » implique « moi aussi j’ai mal dormi parce que… ». Ou bien, « j’ai mal au dos » est suivi de « ah mais moi aussi… ». Il faudra que je lui dise de faire attention.

Je me bats pour que mes enfants se tiennent à peu près correctement à table. Du coup j’ai noté les bruits de bouche et la position pendant le repas des filles de ma-dame. Mais j’ai aussi remarqué que tout le monde attend maintenant qu’un des adultes ait donné l’ordre de commencer à manger.

A part ça, les 8 heures de conduite du retour m’ont fatiguées mais je suis content que nous soyons rentrés. Ma-dame a déposé ses filles chez leur père. Je vais garder mes enfants une semaine de plus car mon père vient demain pour une semaine (il est tout content d’ailleurs. Attendre de passer les 78 ans pour se rapprocher de sa famille. Il en a maintenant 80). Je veux qu’ils se voient, je veux que mes enfants lui prêtent attention. Je veux qu’il parle d’eux.

Grande-majeure allait bien dans la voiture. Nous étions tous les 5 (le père et ses enfants) dans la même voiture (oui, à 8, il nous fois 2 voitures. Ma voiture de fonction n’a pas 8 places… je n’ai même pas osé essayer de le négocier !). Nous avons mangé plein de cochonneries, chanté à tue tête et bien rigolé. Je crois que c’était tout de même un soulagement de rentrer : vivre à 8 dans cet appartement créait une certaine tension (pas assez de domaines propres, 2 personnes par pièce). Quoiqu’on en dise, il y a bien 2 familles qui cohabitent dans cette recomposition. Mais je n’en suis pas encore au point de penser que c’est contre-nature…

lundi 4 août 2008

Des nouvelles du front (de mer)

Bon, grande-majeure va mieux (juste mieux, elle parle un peu plus). Cette gosse n’a pas la vie d’une personne de son age. Pas d'amis, pas de sorties.
Quand j’y pense, je me dis que la situation a dégénéré en l’espace d’une année.

Hier soir, j’ai eu droit à un caprice de la pré-ado. J’ai cédé. Je regrette et je ne regrette pas car je ne sais toujours pas ce que j’aurais du faire (une histoire de balade le soir alors que j’avais dit qu’il fallait se coucher tôt).
Résultat des courses, les filles de mon amie qui font des efforts pour ne pas faire de caprices (leur maman les a « briefé » avant de partir) ont été lésées car elles, n’ont pas fait de caprice (comme ma pré-ado) et se sont couchées tôt. J’ai expliqué ce matin à ces deux demoiselles que j’étais conscient que ce qui c’était passé hier était anormal : ce sont celles qui ne font pas de caprices qui se couchent alors que celle qui en a fait un peut sortir. Il y a de quoi être contrarié.

A part ça, on gère au jour le jour. Le garçon n’est pas chiant. Il saute de vague en vague, dévore comme 4 et a accepté de s’inscrire dans un club avec les filles pour se faire des copains (il m’a expliqué qu’il avait fini de peindre ses petits soldats et avait donc maintenant du temps pour aller dans un club de jeunes…)

Miss-pré-ado souffre du manque de sommeil et essaye de gouverner les filles de mon amie. Evidemment, il n’y a pas de raisons qu’elle est ce rôle. Je surveille.
Grosse frayeur hier, elle avait décidé de suivre grande-majeure à la nage…très mauvaise idée. Comme quoi, il faut les surveiller sans arrêt : ce n’est pas faute d’avoir dit que la mer c’était dangereux. Mais c’est de ma faute, j’étais allé nager.

Mon-ado-bientôt-majeure est adorable. Patiente (il y a bien quelques mouvements d’humeur de temps en temps), attentive aux autres, amusante. Je crois qu’elle compense un peu l’attitude de sa grande sœur (qui ne l’épargne pas d’ailleurs). Il faut que je lui répète que j’apprécie réellement beaucoup son comportement, elle est très sensible cette petite gosse.

Les filles de mon amie, vont bien il me semble (à part l’épisode d’hier soir). Evidemment, je n’ai pas de confidences de leur part. Elles savourent la plage, la piscine et la « liberté » qu’offre le club pré-ado.

Quant à ma-dame, elle sait qu’il faut parler dans les situations délicates. Moi qui était une huître dans une vie familiale antérieure et qui ne savais pas régler un problème sans exploser, ça me convient parfaitement. Tout en douceur…

dimanche 3 août 2008

ça a un nom...

Voila une semaine d’écoulée. Le temps est clément. Rien à dire de ce côté-là. Jusqu’à ce soir, il faisait même plutôt bon la nuit.

Mais l’ambiance est lourde.
Grande-majeure va mal. Elle ne parle presque pas. C’est incroyable comme une personne qui semble faire la tête ou être triste peut « plomber » l’ambiance.
Je suis inquiet. Très inquiet. Elle broie du noir. Depuis un an. Je ne sais pas ce qui c’est passé. Elle dit que ce n’est pas nouveau. Elle fait un régime très très contraignant. Elle pèse tous les aliments. Elle a perdu du poids mais ça reste raisonnable. Elle s’alimente bien, bien qu’il n’y ait pas assez de protéines à mon avis. Mais c’est acceptable, juste à la limite. Elle ne veut pas reprendre de poids, ce qui est déjà mieux que de vouloir en perdre à nouveau.

Elle va mal et elle est agressive, intransigeante, toujours à faire une remarque, rien ne lui échappe.
J’essaye de lui parler. Mon amie lui a parlé. Tout va mieux 5 minutes et puis ça recommence.

Je suis inquiet parce que j’ai peur qu’elle fasse une bêtise. Elle est restée seule à la plage un soir. Un supplice pour moi. Je n’avais qu’une idée en tête, aller voir si « elle ne nageait pas trop loin ».

Alors, j’essaye de penser aux autres, tous les autres, ma-dame, les enfants, mais le cœur n’y est pas. Vous savez ce que c’est, ce truc qui vous obsède, qui est là, comme une menace qui plane.

Petite gosse, comment puis-je t’aider ??

Et ma-dame ? Ce n’est pas sa fille. Ce ne sont pas les états d’âme et l’agressivité de sa fille qu’elle doit supporter. Je n’ai pas essayé de me mettre à sa place. Mais ce doit être dur. Elle m’a tout de même dit qu’heureusement que l’année ne se passerait pas comme ça (grande-majeure aura son studio…seule, ce qui m’angoisse chaque jour un peu plus, chaque jour qui nous rapproche de la rentrée.

Je crois qu’il est temps de mettre un nom sur son problème : dépression. Ce sera déjà plus facile à comprendre.

Allez, on continue à essayer d’avancer. Y a t’il un autre choix d’ailleurs ?

Et puis il faut que je parle des autres aussi. On a tendance à ne s'occuper que de ceux qui vont mal. C'est promis, je reviens pour parler d'eux.