samedi 29 mai 2010

La routine

J’ai voulu faire économiser un peu d’argent à ma société. J’ai voyagé avec « JetFacile ». Feuille de route : La capitale « locale » -proche de mon domicile - vers Bordeaux en avion puis Bordeaux l’Espagne en voiture (350 km). Coût du trajet voiture incluse : 270€.
La solution compagnie « high-cost » - l’opposé de low-cost, on est d’accord – revient à 950 – 1100€.
Sur le papier, grosse économie et le téléphone occuperait sans problème les 2 x 350 km de voiture (téléphone main libre sur haut-parleurs, c’est légal, j’aime ce qui est légal).

Départ le mercredi soir. Aïe, ça commence mal. 1h30 de retard. Changement d’avion car le notre est en panne. Et nous avons de la chance car comme le vol d’à côté a moins de passagers, c’est le leur qui est simplement annulé et nous prenons leur avion, le temps de virer leurs bagages de la soute et d’y mettre les notres . Calcul purement économique. En supprimant l’autre vol, il y a moins de remboursements à effectuer qu’avec le notre. Sympathiques passagers du vol d’à côté, plantés dans l’aéroport à 22h00 sans vol avant le lendemain. J’aime bien les passagers des vols d’à côté : on ne voyage pas avec eux.

Mais les 1h30 de retard au départ me conduisent à arriver à l’hôtel à Bordeaux vers minuit. Et comme je dois repartir à 5h00 le lendemain, les 4h00 de sommeil paraissent courtes.

Mais j’aime mon travail, j’aime mon Président, j’aime les syndicats, j’aime l’opposition, la pluie, les camions, les péages… j’aime tout et c’est donc dans la bonne humeur que je me suis levé pour aller à mon rendez-vous.

Clients sympas, collègues locaux sympas, restaurateurs sympas à midi, etc, etc – j’aime tout – et en fin d’après-midi, retour à l’aéroport de Bordeaux. Un peu fatigué tout de même.

La charmante hôtesse du comptoir de la compagnie JetFacile prend mon passeport et me dit que j’ai déjà imprimé ma carte d’embarquement. Je nuance : elle a été imprimé c’est possible, mais pas par moi et surtout, je ne l’ai pas. Comme elle est gentille et m’aime bien – je le sens, elle aussi aime tout le monde, mais moi un peu plus, c’est évident – elle me fait cadeaux des 51 euros de pénalité et pour la remercier, je lui promets un rôle dans mon prochain film (ben non, c’est pas vrai).

Je dépose une partie de mes 30 kilos de bagage – j’ai toujours 30 kg de bagage, j’aime bien trimballer mes grosses valises, mon dos aime moins mais il vieillit le pauvre, c’est pour ça qu’il aime moins, mais comme moi je reste jeune, j’aime bien – et je vais dans le piège, je veux dire, dans la salle d’embarquement. Je suis un peu en avance, il reste un peu moins d’une heure avant l’embarquement, je me prends un sandwich et une bière. La bière fait gonfler mais pas gonfler d’orgueil, c’est donc moins grave. C’est pour cela que je bois de la bière maintenant. J’aime bien la bière, maintenant.

J’aime bien les salles d’embarquement. C’est relativement démuni, on va à l’essentiel là dedans. Il y a peu de sièges, pas assez pour le nombre de passagers qui s’y trouvent, c’est pour que les gens aillent dans les boutiques et achètent des trucs. Des trucs « moins chers ». Moins chers que quoi, on ne sait pas bien mais c’est « moins cher ». C’est « duty free ». Même si on paye les taxes quand on reste dans le même pays où en Europe, ça s’appelle « duty free » et c’est « moins cher ». En fait, c’est « très cher » mais moins cher que « très très cher ».
Après mon sandwich et ma bière – que j’ai bien aimé à part le beurre du sandwich – je regarde le grand tableau qui modifie parfois l’humeur que l’on a. Quand c’est « prévu à l’heure », on garde l’humeur que l’on a. Quand c’est « retardé », si l’on’ était pas de mauvaise humeur, on le devient et l’on essaye d’imaginer ce qui va se trouver perturbé pour le reste de la journée. Quand c’est « annulé », on devient de très mauvaise humeur et l’on pense à tout ce qui ne peut plus être fait et à la meilleure façon de se sortir de cette situation.

Là, en l’occurrence, c’était simplement « retardé ». Interdit de sortir de la salle, des places assises pour la moitié des passagers présents, pas plus. Au bout d’une heure ou une heure trente, des nouvelles : le vol est retardé et ne partira pas à l’heure. En fait, je crois que la plupart des passagers le savaient déjà. Mais il devait y avoir des crétins dans le groupe et l’information était pour eux. C’est élégant car les crétins n’ont pas été « montrés » du doigt, ce qui aurait été le cas si l’hôtesse était allée à eux. Bravo pour le tact. Et puis, je trouve courageuses ces hôtesses qui descendent dans la fosse aux lions – la salle d’embarquement- pour expliquer au gens que leurs projets sont morts. J’aime bien les hôtesses courageuses.

Finalement, nous sommes partis avec trois heures de retard, mal aux pieds ou aux fesses pour ceux qui n’avaient pas de fauteuil en salle d’embarquement et des trucs de luxe pas « très très chers » pour ceux qui ont traîné au « duty free » non détaxé.

A 3h du matin, j’étais dans mon lit.

Ce soir, Je me suis fait un petit resto avec mes deux plus jeunes et c’était bien sympa. Il y avait une table avec un couple homo pas loin et l’intérêt que l’un d’eux me prêtait était un peu gênant, même ma fille l’a remarqué. En revanche, la cuisinière ne m’a pas regardé car elle est aussi homo et la dernière fois c’est ma-dame qui était gênée par ses regards.
C’est sympa de plaire mais je préfère plaire aux personnes de l’autre sexe. Pas de jugement ici, juste une constatation. Et puis, tous les regards insistants sont gênants mais ceux de la’utre sexe le son moins pour moi. J’aime bien l’autre sexe.

A part ça ?

Pas grand-chose. Deuxième aînée ne viendra plus à la maison tant que je n’aurai pas quitté ma-dame et ma-dame est chez sa mère car elle croyait que grande-majeure allait venir à la maison ce week-end.

La routine quoi.
J’aime bien la routine.

samedi 8 mai 2010

La reproduction humaine

(Tout d’abord, merci pour vos messages. Je repasse bientôt pour vous répondre).

Je sais, je fais un blocage.

J’étais sur le parking. Je passais de radio en radio en attendant. Rapidement sur celles ou l’animateur voulait faire preuve d’humour, un peu moins vite sur celles où je reconnaissais des morceaux connus, tout en m’interdisant de rester trop longtemps sur « Nostalgia for ever » - vous reconnaîtrez – pour ne pas m’avouer que je suis maintenant un vieux con et que les morceaux qui ont bercé mon adolescence sont dans les bacs « anthologie » des disquaires.

J’attendais les dames qui étaient allées « en vitesse » acheter un T-shirt. Un seul et unique T-shirt. J’attendais depuis 20 minutes… Un T-shirt doit être choisi avec soin. Tout ce que les femmes choisissent doit l’être avec soin. Il faut comparer, essayer, comparer à nouveau, partir, revenir, réessayer, s’éloigner et prendre finalement l’article. Il ne faut jamais le prendre rapidement, ça ne se fait pas. Et le temps passé à choisir n’est pas proportionnel au prix de l’article. Pour ce T-shirt uni, il aura fallu 40 minutes.

Il faisait chaud, les fenêtres du véhicule étaient ouvertes et le courant d’air peinait à rafraîchir l’habitacle.

Le couple est arrivé. Jeune, très jeune couple. Très très jeune couple en fait. Le père marchait devant avec les mains chargées des pièces automobiles qu’il venait d’acheter pour sa BM « tunée ». La jeune maman tenait la main de la petite fille. Je n’avais pas vu la petite fille, elle ne dépassait pas la portière. Je ne l’avais pas vu mais j’ai entendu le bruit de sa petite tête contre le rétroviseur de la voiture d’à côté. Un petit choc et puis des larmes. Elle était juste assez haute pour se cogner.

Le père est arrivé vers elle et lui a donné un coup de pied. Pas un gros coup de pied, mais un coup de pied tout de même. Il l’a bousculé en la grondant d’un ton très dur. La mère frottait la tête de la petite, qui pleurait toujours, forcément, mais ne disait rien. Le père – mais peut-on lui accorder ce titre – a attrapé la petite, a ouvert la porte de la BM, a mis la fillette à l’intérieur et à fermé la porte. Les vitres étaient toutes fermées et la voiture était garée au soleil depuis plus de 20 minutes. Ensuite, il a commencé à changer ses essuie-glaces, calmement. La mère regardait.

J’ai été lâche, comme d’habitude malheureusement. Je n’ai rien dit, rien fait. J’aurais du lui enfoncer les essuie-glaces où je pense. Mais je n’ai rien fait. J’ai pensé que ça ne me regardait pas. J’ai pensé que je ne saurais pas expliquer, ni quoi, ni comment. Et expliquer quoi ? Qu’on ne frappe pas un enfant qui s’est fait mal ? Qu’on ne le met pas dans une voiture restée en plein soleil sans ouvrir les fenêtres ?

Non, ça ne passe pas. J’aurais du faire quelque chose. C’est simplement insupportable et inacceptable. Pauvre petite gosse, bien mal partie dans cette vie.