vendredi 21 février 2014

L'impasse appelée villa - première partie

J'aimais bien aller chez ma grand mère.  En fait, c'était chez ma grand mère et chez mon arrière grand mère, celle dont j'ai évoqué brièvement la vie précédemment. Elles habitaient ensemble. Toutes les deux veuves. Je n'ai pas connu mes grands pères et arrières grands pères.

La maison se trouvait au milieu d'une impasse. Toutes les impasses du quartier s'appelaient "villa". La ville est située juste derrière le périphérique parisien. Une ville cosmopolite,  assez moche, sans beaucoup de charme, mais une ville où j'aimais aller. On pouvait entendre beaucoup de langues différentes et les couleurs de peaux allaient du blanc très pâle au noir très foncé,  bien qu'à l'époque il y avait assez peu de migrants d'Afrique dite "noire".

L'entrée se trouvait au milieu de l'impasse, sur la gauche.  Une petite porte métallique délimitait l'accès à une petite cour. A gauche, dans la cour, il y avait eu un temps, une sorte de mini jardin, un espace vert très réduit. Quand je dis très réduit,  il s'agissait d'une zone de 5m par 2m tout au plus. Je me souviens que j'avais été très déçu quand le propriétaire l'avait fait cimenter. Il me semble que ma cousine et moi y avions joué,  essentiellement après avoir humidifié le "domaine" pour pouvoir jouir pleinement d'un peu de boue en pleine ville.

En face de la porte métallique, au bout de la petite cour, se trouvait celle de l'habitation. Une porte avec dans sa partie supérieure,  une vitre protégée par une grille en fer forgé dont j'ai oublié le dessin. Une porte sombre, assez massive. Sur la droite du couloir, il y avait un grand meuble en formica de couleur jaunâtre pour peu que je m'en souvienne. Je crois qu'il abritait des conserves. Derriere la porte étaient accrochées au mur des cannes dont une avait appartenu à un homme de la famille. Était ce celle de mon grand père ou de mon arrière grand père,  je ne sais plus ? Je ne me souviens pas avoir vu de canne sur les rares photos de mon grand père . À gauche, montait un escalier très raide, dont les marches me semblaient m'arriver au genou dans mes souvenirs les plus vieux. Bien que ma mémoire augmente certainement leur hauteur, les marches étaient "hors norme", c'est certain. Comment les deux femmes, vers la fin de leur vie, faisaient - elles pour gravir cet obstacle ?

Il devait y avoir d'autres rayonnages au fond du couloir, sous l'escalier. Je n'en suis pas sûr. Mais il y avait la trappe à charbon sous les premières marches.  Elle donnait dans le couloir. Je m'en souviens très bien car j'avais entrepris d'y faire un feu avec ma cousine... Ma tante, qui passait ses journées dans ce logement, avait tu l'affaire. Mon père c'était étonné en venant me chercher d'une odeur de brûlé : ma tante et mes grands mères n'avaient rien dit et inventé je ne sais quelle justification à l'odeur.

Au sommet de l'escalier,  il y avait un petit palier. Il s'y trouvait aussi des étagères,  cachées par un rideau. Il me semble qu'on y trouvait des ustensiles de cuisine encombrants et quelques réserves alimentaires. Au dessus de l'escalier se trouvait un petit emplacement dans lequel etait rangé,  entre autres, le violon de ma tante. Je crois que je n'ai vu ce violon qu'une fois. C'est un objet qui reste très mystérieux,  une sorte de relique. C'est comme si cet instrument avait été le gardien d'un secret.

L'accès au logement à proprement parler, se faisait par la droite. Seule le premier étage était chauffé. Une entrée minuscule donnait accès à la cuisine sur la droite et au salon en face.

La cuisine était équipée sommairement. Il y avait un authentique frigidaire dont ma femme et moi avions "hérité" par la suite,  pour la première année de notre vie commune.  Un bloc blanc, aux bords arrondis, avec une poignée chromée qui me faisait penser aux pare-chocs des voitures des années 50.

La cuisinière avait quatre feu et un four à gaz. Je me souviens de ma tante pliée en deux pour allumer le four avec des allumettes provenant d'une grosse boîte. Une plaque en tôle percée d'un petit trou séparait les brûleurs du reste du four. Il fallait introduire la flamme par le petit trou. Ma tante devait bien souvent soulèver la tôle pour permettre l'allumage. Ma tante avait régulièrement des traces de brûlure sur les avant bras...
Une table et deux ou trois chaises, en formica bien sûr,  complétaient le mobilier de la cuisine.  C'était ce modèle de table avec une rallonge à chaque extrémité,  qui s'escamotaient sous le plateau principal. Les pieds étaient en inox.  Je ne me souviens pas que nous ayons pris autre chose que le petit déjeuner dans cette cuisine. Le petit déjeuner... Celui de mon arrière grand mère m'avait marqué :  Du café, avec du mar- du café improprement appelé "café turc"- du pain et un fromage de brebis frais qui trempait dans son petit lait. J'ai pu acheter un temps ce fromage, bien plus tard.  Je n'en ai plus trouvé récemment. Un espace qui servait de plan de travail avait été ménagé dans la partie qui surplombait l'escalier. L'évier, en céramique,  sous le chauffe eau,  était entre la fenêtre et la porte des toilettes. Des toilettes glaciales. A côté d'une fenêtre à deux battants,

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