lundi 26 janvier 2015

Produit frelaté

Tout d'abord, il me semblait inconvenant d'écrire à partir du 7 janvier ; Ces épanchements nombrilistiques sont tellement peu importants en comparaison de ce qui c'est passé.

Je ne développerai aucuns des nombreux sujets qui ont résulté des tueries. Je parle peu d'actualité ici, c'est un choix.
Comme beaucoup d'entre vous, j'ai été très perturbé pendant plusieurs jours. C'était comme si un monde venait de s'écrouler. J'ai toujours du mal à décrire ce que j'ai ressenti et pensé. J'en ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois.
La mobilisation du dimanche qui a suivi, m'a ému aussi. J'ai trouvé ça beau. Dans la rue, voir côte à côte des gens qui n'auraient jamais pensé qu'ils partageaient quelque chose, réunis sans distinction d'aucune sorte, c'était magique. Une humanité pleine d'humanité (je me comprends).

Depuis, la médiocrité a repris la place qu'on lui laisse, le rêve est fini. Mais, on aura au moins vécu un "élan", un "espoir", une "lueur", un "truc de ouf"...

"Period" comme disent les anglophones.

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Bon sang, que la route que je suis me semble triste et sans intérêt.
J'évite de regarder les photos des enfants, elles me rappellent la seule époque agréable et riche de ma vie. Elles me rappellent aussi tout ce que j'ai laissé passer, disparaître, tout ce qui m'a échappé de leurs petites vies merveilleuses, inconscient prétentieux, soucieux d'une réussite que je n'ai finalement jamais atteinte.

Si je regarde ma vie, j'y vois moins de 20 ans que j'aurais dû savourer intensément.
Mon enfance n'était pas drôle. Elle a été rapidement triste.
De 8 ans à 21 ans, j'ai vu ma mère s'affaiblir, perdre son autonomie lentement, souffrir et souhaiter mourir.
Grande ainée est arrivée quand j'avais 24 ans, presque 25. Puis seconde aînée, puis le fils et enfin miss-ado.
Adorable petite troupe, tellement vive, tellement fatigante, tellement vivante.
Mais j'ai trainé mes angoisses et mes traumatismes pendant des années, certain de pouvoir tout gérer seul, alors que je gangrenais ma famille. Fuyant le bonheur, inconsciemment mais surement, aveuglé par ma quête de reconnaissance, coincé dans des principes idiots, j'ai miné ce qui aurait dû être un foyer heureux. Colérique, intransigeant, prétentieux (je me répète), j'ai tout gâché.
Au bout de 16-17 ans, usée par cette merde infâme que j'étais et que je suis encore parfois, contre tous ses principes, contre toute sa famille, elle est partie. Et bon sang qu'elle a eu raison.
Car je crois que je n'aurais jamais changé.
Et voilà 11 ans que je rame.

Non, vraiment, cette vie m'ennuie. J'ai beau me débattre de temps en temps, je crois que je n'arriverai jamais à me pardonner.

Et si je dois trouver une solution pour mon père, c'est pour sa sécurité surtout. Il n'est coupable de rien. Je lui en veux d'être un tel poids dans ma vie mais il n'y est pour rien.
Et ce n'est pas pour "expier mes fautes" que je le garde chez moi. C'est parce que je ne fais rien, parce que je ne décide rien. Je gesticule, je cours, mais finalement, je ne fais rien.

Je suis un illusionniste. Un charlatan aussi. J’embobine, je séduis et les emballages colorés sont vides

Mais j'ai 4 enfants. Je ne veux pas qu'ils aient de peine. Je les aime. Plus que tout.
Les aider, être là, les soulager. C'est mon seul devoir.



4 commentaires:

  1. On ne reste pas pour ceux qui restent, mais ceux qui restent peuvent nous faire rester.
    Mon père est parti bien malgré lui, et à 50 ans, j'en souffre tellement ! Je me dis quà 20 ans à peint tes enfants en perdraient le sens de la vie non ?
    On a des vies, on suit des routes, on s'arrête parfois pour en changer. Parfois on glande sur le bord du chemin. Mieux vaut glander dans un champ de fleurs qu'une mine de cailloux.
    Allez Padre pose là ton barda, et va t'asseoir dans un champ de fleur.

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  2. Tu pourrais nous rejoindre à Paris en Mars, après tout t'es quasiment une fille pour nous !
    Enfin je veux dire... Tu fais partie de la famille !
    J'essaie de sortir de mon trou alors si tu as du temps... En Mars !
    Bisous mon petit PADRE !
    Et tu es trop sévère pour toi même ! Cela fait des années qu'on te lit, il y a bien des raisons positives à notre attachement tu ne crois pas ?
    A moins que tu ne nous imagines tous idiots de t'apprécier tel que tu es ?

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  3. J'ai du mal à t'imaginer "colérique, intransigeant, prétentieux" (sic). C'est le signe que tu as su évoluer et tirer la leçon de tes erreurs passées, non ? J'en connais qui n'ont pas eu (du tout) l'audace et le courage de se remettre en cause, hein. Cela demande une grande humilité et une certaine force.
    Le passé est le passé. Continue à avancer, LPC...à ton rythme. Et garde effectivement le bonheur de tes enfants comme objectif essentiel (et le tien aussi :-)).

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