vendredi 2 novembre 2012

Pitoyable

Il est évident que je soufre d’un problème. Pourquoi ce besoin de savoir si je plais ? C’est ridicule. Pitoyable. Et pourtant incontrôlable. J’ai besoin de savoir.

En fait je ne comprends pas bien pourquoi.  J’essaye d’être honnête, de ne pas me mentir. Je vois des femmes et j’ai envie de savoir si je leur plais. Pourtant, je ne souhaite pas les séduire. Réellement. Pas envie d’une aventure avec elles. Juste envie de savoir si je leur plais. Et le « prestige » que j’en tirerai, la satisfaction que j’en éprouverai, sera proportionnelle à l’attirance que je ressens.
Est-ce cette difficulté manifeste à accepter de vieillir ? Car ce fait est établi. Je ne sais pas. Pas évident.
C’est donc l’image que les autres ont de moi qui compte. Pitoyable, c’est bien ce que je disais.

En plus, « savoir que je peux le faire» est plus important que « le faire ». Car je souhaite savoir si je plais mais pas avoir une aventure, même extrêmement brève.
C’est vraiment ridicule.

La vie m’a appris qu’il ne suffisait pas de refuser la réalité pour la faire disparaître. Il ne suffit pas de nier non plus. Seule la réflexion permet de résoudre les conflits.

 3 jours de suite que je nage 1h30. Je pars à la fermeture. Ce soir, comme cela arrive parfois, comme cela est arrivé il y a peu, je me suis retrouvé avec  une belle naïade. Je faisais des exercices, nager le crawl avec les poings, nager comme au waterpolo, faire du rétro pédalage, etc. ça se remarque. Je pense qu’elle – qui manifestement était une vraie nageuse et s’entrainait aussi – l’a remarqué. C’est sans doute ce qui explique qu’elle m’ait souri plusieurs fois. Mais inconsciemment, j’ai pensé « est-ce que je lui plais » ?
Je ne sais pas. J’ai une conscience très précise de l’aspect éphémère de mon existence. Je sais très bien que ce que je ne fais pas maintenant, je ne le ferai certainement jamais plus.

Je n’imaginais pas que le cap de la cinquantaine serait si dur à passer. Tout est relatif. C’est cette impression d’avoir gaspillé, dilapidé un capital précieux.

 Et bien que je ne sois jamais monté sur un plateau…
« Quand je serai K.O.,
Descendu des plateaux de phono,
Poussé en bas
Par des plus beaux, des plus forts que moi,
Est-ce que tu m'aimeras encore
Dans cette petite mort? »


 « Give me your answer, fill in a form
Mine for evermore
Will you still need me, will you still feed me,
When I'm sixty-four”.

6 commentaires:

  1. Effectivement ça ressemble à l'angoisse de vieillir, il faut dire aussi qu'avec votre père à la maison ça vous renvoie chaque jour à la question "est-ce que je vais devenir comme ça?" et c'est sacrément angoissant
    Avoir envie de plaire c'est aussi un moteur pour prendre soin de soin et se sentir vivant non?

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  2. C'est curieux, parce que c'est une angoisse similaire qui est présente chez mon mari, pas plaire - ça il s'en fiche un peu - mais savoir s'il peut encore faire ce qu'il faisait à 20 ans. Et quand il ne peut pas faire, alors il abandonne. Et déprime, plutôt que d'essayer "moins". En moto, sur la glace, en running. Alors il laisse tomber.

    Toi tu imagines que tu ne plairais pas ? Et quand bien même ? Je ne parle même pas d'aventure, de relation, de "circonstances", non juste le fait aussi qu'on ne peut pas être le plaisant de tous.

    Va savoir si en te croisant dans la rue tu plairais à une amie virtuelle ? Et qu'est-ce que ça changerait si ça n'était pas le cas ?

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  3. Je n'ai pas d'infos sur le sujet en dehors de ce que mon psy m'en raconte. Je crois me souvenir qu'il parle de "peur de la mort".

    Il semblerait qu'à un certain âge de vie, on ne visualise plus le chemin devant soi, on sait juste qu'il mène à "la fin", et pour certaines personnes, c'est traumatisant.

    Au-delà de cela, je ne pense pas que ce soit si "pitoyable". Il faut peut-être parvenir à se "re-séduire soi-même" pour se sentir séduisant auprès d'autrui, sans plus avoir besoin d'échelle ou de validation extérieure.

    A moins que tu n'ais plu toute ta vie et que ton âge ait amoindri les réactions positives des femmes envers toi.
    Les proportions s'inversent en vieillissant.
    A 20 ans, tu entres dans la pièce, tu es parmi les plus séduisants de l'assistance.
    A 50 ans, tu entres dans la même pièce, et tu as été remplacé par la génération de ton fils dans ce domaine.

    Selon mon expérience, plus on s'accepte, moins on s'inquiète de l'image que l'on donne (tout en faisant des efforts pour rester "bien"), et plus on a des chances de plaire.

    Bisous

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  4. Nan c'est pas pitoyable mais légitime au fur et à mesure que l'on avance dans les années et qu'il n'y a pas le regard de "l'autre" pour satisfaire cette envie de plaire et séduire. Il m'arrive quelque fois de chercher ce regard ailleurs !
    Mais il n'y aurait pas une petite crise de la 50e qui couve ?? ;o)
    Anne86

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  5. Oh la la que ces mots me parlent !! Sauf que, dans mon cas, je ne l'associe pas à la peur de vieillir mais à un terrible manque d'assurance qui date de l'enfance. mes parents n'ont pas su me donner suffisamment confiance en moi. Alors, aujourd'hui, j'ai besoin de lire dans le regard des hommes que je leur plais pour me sentir vivre et exister.
    Je suis pourtant bien consciente que la première personne à qui je devrais plaire c'est moi.
    Plus que pitoyable ou ridicule, je dirais plutôt que c'est pathétique, non ? ...
    Bon week-end, bises
    Carole

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  6. Bonjour,
    Effectivement, comme si bien dit dans les autres commentaires..la peur de vieillir.., le fait que notre propre regard sur nous même est de plus en plus objectif, peut être.. le besoin de se rassurer sur sa propre séduction (tu dis que tu ne veux pas t'en servir, mais sait on jamais..? ça sous entend quand même une légère notion d'espoir (ou d'espérance?) sur l'avenir).
    Difficile d'accepter la ..maturité quand on a l'exemple sous les yeux de ce qu'on "pourrait" devenir.. même problème pour moi en ce moment, et la fuite est elle l'idéal?
    Sur la fin du post, on sent quand même une certaine nostalgie, ou même des regrets (pas des remords..faut pas pousser non plus!!)..La cinquantaine, l'heure des bilans, dit on.. pas facile, hein!
    Finalement, je crois qu'il faut se regarder avec bienveillance,voire indulgence, de temps en temps..On n'est pas parfaits..suffit de l'admettre.. ça ne fait de mal à personne, et ne peut être que bénéfique
    Bon week end!
    F.R

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