IL Y A QUELQUES SEMAINES :
L’ambiance était tout de même détestable pendant cette semaine où mes enfants étaient tous à la maison. On sent parfaitement bien l’animosité qui oppose ma-dame et mes aînées. Rien ne se dit mais cela suinte. Chacun épie l’autre, cherche dans ses faits et gestes la justification de son rejet de l’autre. Et cela fonctionne parfaitement car il y a toujours quelque chose à trouver.
Je ne sais pas si j’arriverais à faire une liste des récriminations. Je crois que comme je m’écarte de ces considérations stériles et futiles, que je me ferme – pour me protéger – et renonce à essayer de réconcilier les deux partis, je ne retiens pas ce que j’entends. C’est ma grande spécialité : je n’écoute pas, je ne donne pas prise. C’est incroyablement pénible pour mon entourage. J’éprouve un tel manque d’intérêt pour cela – et tant d’autres choses – que je n’arrive pas à m’impliquer complètement. De temps en temps, j’interviens, je discute, je raisonne, j’agis pour apaiser les tensions mais comme je sais que le calme ne sera que temporaire, je n’y mets pas toutes mes forces et ma volonté.
J’ai réussi tant bien que mal à imposer un minimum de respect. Non, le mot est mal choisi. Pas du respect mais des règles de savoir vivre. Dire « bonjour », dire « au revoir », débarrasser ses affaires, nettoyer ce que l’on a sali. C’est normal. Ma-dame n’est pas une femme de ménage. Je crois avoir réussi aussi à ce que ma-dame le reconnaisse. J’ai tenté de lui faire comprendre que son impression de ne pas être chez elle n’était pas justifiée : elle occupe tout un étage avec ses filles et le salon est une salle de garderie dans la journée.
Finalement, personne n’est satisfait, personne ne veut réellement faire d’efforts. Il faudra vendre cette maison. Pourtant, je ne vais pas le faire maintenant. Trop compliqué et aucune assurance de retrouver plus de sérénité dans une autre situation. Et puis, je pense que se serait me séparer de ma-dame. On a beau se dire que l’on se verrait quand les enfants seraient chez leur autre parent, mais si l’on constate le nombre de semaines où nous avons été décalés, désynchronisés, il nous resterait peu de temps à passer ensemble. Enfin, je vais refaire mon CV et pense sérieusement à m’exiler. Je vais faire patienter tout le monde un peu.
Mes filles passent en année supérieure à la fac. Restent des documents à fournir et je suis surpris de la complexité des choses. C’est pourtant une chose logique et normale que de passer dans l’année supérieure.
Mon fils va aller au lycée l’année prochaine et nous sommes à 30 minutes à pied. Il va pouvoir bénéficier de notre relative proximité et c’est le domicile de sa mère qui se trouve maintenant éloigné de son établissement scolaire. Juste retour des choses. Tout vient à point à qui sait attendre.
Ma petite dernière qui n’est plus petite fera la route seule avec moi le matin. Il faut surveiller celle-la. Les générations se suivent mais ne se ressemblent pas.
J’ai pris quelques jours avec mes enfants et nous sommes à Paris. Visites de musées, de lieux historiques et dîners avec mon père. Il a beaucoup maigri. Il rentrera avec nous ce week-end pour une semaine en province. Tant pis pour ma-dame, je serai intraitable sur ce point, même si cela doit tuer définitivement notre couple. Mon souci, c’est d’arriver à rester le plus souvent possible à la maison la semaine à venir. J’ai des clients et une stagiaire. Je me débrouillerai.
IL Y A QUELQUES JOURS :
Mon père va rester presque 3 semaines. Je vais devoir le raccompagner chez lui pendant nos vacances. Cela me fend le cœur. Mon petit père, égoïste, vieillissant, dorénavant coincé dans le passé mais mon petit père. Mon père.
J’essaye de le décider à venir s’installer par ici. Des fois, je le sens prêt à accepter l’idée. Des fois, il fait marche arrière. Que peut être sa vie, seul, dans son petit studio ? La télé, la fenêtre, un jeu de carte, un appel de temps en temps. « J’ai eu une vie agréable ». Je connais cette phrase. Je crois que je voudrais la prononcer aussi parfois. Un bilan calme et résigné d'une vie dont on attend plus grand-chose.
Les enfants ne sont pas là. J’espère qu’ils s’amusent. Nous avons vu passer mon aînée. Ma-dame et elle ont fait les magasins ensemble. Amusant. Ma deuxième aînée est pleine de doutes. Je l’ai eu au téléphone. Elle voit son avenir un peu trop précisément tracé. Elle commence à rêver d’exil elle aussi. Fais le ma grande. Pars. Pars mais retourne toi de temps en temps. Nous avons aussi vu passer une des filles de ma-dame. Mes plus jeunes sont avec leurs cousins. Si le nombre de contacts que j’ai avec eux est proportionnel à leur ennui, ils s’amusent bien, je peux me rassurer.
Ma-dame et moi attendons de pouvoir souffler. Ce qui ne saurait tarder. Elle a besoin de se changer les idées. Elle a besoin de légèreté. Je suis attentionné, du mieux que je puisse. Je l’écoute. J’essaye d’aider. Elle est fragile mais se cache, comme beaucoup de femmes. Je crois qu’elle apprécie le respect et l’amour que je lui porte. Je regrette parfois de l’avoir entraîné dans cette aventure. Mais après tout, ce ne sont que des vies et les nôtres ne sont pas les pire.
J’ai des coups de fatigues épouvantables. Même respirer me fatigue dans ces moments là. C’est très désagréable. Je suis comme anéanti. Et puis je redémarre. Il ne faudrait pas que je travaille moins de 10h par jour. Ça n’a rien d’exceptionnel, beaucoup de gens travaillent plus que cela. Je travaille de la maison, je suis au moins près de mon père. Moi. Mes problèmes. Mon nombril. C’est curieux une vie, un homme. Je pense à nous tous, chacun avec nos désirs, nos angoisses, nos joies, nos peines. Qu'en reste t’il après notre passage ? Qui saura ce que nous pensions, ressentions ? Qui pourra entrevoir la complexité de nos existences pour la plupart si médiocres, au moins en apparence ? Des générations se succèdent. Nous, aujourd’hui, via les outils et supports dont nous disposons, avons la possibilité de laisser – plus facilement qu’avant - un message à ceux qui nous succèderons. Je pense aux enfants de nos enfants. Leur laisser entrevoir ce qu’il y avait derrière la photo – numérique – de leur arrière grand aïeul. Curieux comme pensée.
Plaie d’argent n’est pas mortelle. Heureusement. Je suis fauché comme les blés. Je ne sais pas comment j’ai réussi à me mettre dans cette situation. J’ai des sentiments partagés à ce sujet. Je pense à ceux qui sont en permanence au bord du gouffre, à ceux qui y tombent, à ceux qui ont touché le fond. Et quand les impôts nous contactent pour nous faire part d’une erreur sur le calcul d’une taxe il y a un an et exigent un paiement immédiat, je suis content de contribuer à un peu de solidarité. Mais je voudrais cette solidarité sélective. Parler de gaspillage est politiquement correct, c'est même dans l'air du temps, nous sommes en période de "rigueur". Parler de parasites ne l’est pas. Pourtant, il y a les deux. Du gaspillage, à tous les niveaux – que l’on tente de compenser par des effets d’annonce – et des opportunistes. Ceux que je crains le plus sont ceux qui avouent sans complexe leur attitude en la justifiant parce que « si ce n’est pas eux, ce sera quelqu’un d’autre ».
IL Y A… MAINTENANT :
J’espère que ceux qui passeront par ici se souviendront de moi.
Mais non, je voulais dire que j’espère que ceux qui liront ce mot ont passé, passent ou vont passer de bonne vacances, qu'ils se forgent un moral d’acier et une santé de fer (avec une pincée d’inox pour ne pas rouiller trop vite…).
« Et c'est le temps qui court, court, qui nous rend sérieux.
L’ambiance était tout de même détestable pendant cette semaine où mes enfants étaient tous à la maison. On sent parfaitement bien l’animosité qui oppose ma-dame et mes aînées. Rien ne se dit mais cela suinte. Chacun épie l’autre, cherche dans ses faits et gestes la justification de son rejet de l’autre. Et cela fonctionne parfaitement car il y a toujours quelque chose à trouver.
Je ne sais pas si j’arriverais à faire une liste des récriminations. Je crois que comme je m’écarte de ces considérations stériles et futiles, que je me ferme – pour me protéger – et renonce à essayer de réconcilier les deux partis, je ne retiens pas ce que j’entends. C’est ma grande spécialité : je n’écoute pas, je ne donne pas prise. C’est incroyablement pénible pour mon entourage. J’éprouve un tel manque d’intérêt pour cela – et tant d’autres choses – que je n’arrive pas à m’impliquer complètement. De temps en temps, j’interviens, je discute, je raisonne, j’agis pour apaiser les tensions mais comme je sais que le calme ne sera que temporaire, je n’y mets pas toutes mes forces et ma volonté.
J’ai réussi tant bien que mal à imposer un minimum de respect. Non, le mot est mal choisi. Pas du respect mais des règles de savoir vivre. Dire « bonjour », dire « au revoir », débarrasser ses affaires, nettoyer ce que l’on a sali. C’est normal. Ma-dame n’est pas une femme de ménage. Je crois avoir réussi aussi à ce que ma-dame le reconnaisse. J’ai tenté de lui faire comprendre que son impression de ne pas être chez elle n’était pas justifiée : elle occupe tout un étage avec ses filles et le salon est une salle de garderie dans la journée.
Finalement, personne n’est satisfait, personne ne veut réellement faire d’efforts. Il faudra vendre cette maison. Pourtant, je ne vais pas le faire maintenant. Trop compliqué et aucune assurance de retrouver plus de sérénité dans une autre situation. Et puis, je pense que se serait me séparer de ma-dame. On a beau se dire que l’on se verrait quand les enfants seraient chez leur autre parent, mais si l’on constate le nombre de semaines où nous avons été décalés, désynchronisés, il nous resterait peu de temps à passer ensemble. Enfin, je vais refaire mon CV et pense sérieusement à m’exiler. Je vais faire patienter tout le monde un peu.
Mes filles passent en année supérieure à la fac. Restent des documents à fournir et je suis surpris de la complexité des choses. C’est pourtant une chose logique et normale que de passer dans l’année supérieure.
Mon fils va aller au lycée l’année prochaine et nous sommes à 30 minutes à pied. Il va pouvoir bénéficier de notre relative proximité et c’est le domicile de sa mère qui se trouve maintenant éloigné de son établissement scolaire. Juste retour des choses. Tout vient à point à qui sait attendre.
Ma petite dernière qui n’est plus petite fera la route seule avec moi le matin. Il faut surveiller celle-la. Les générations se suivent mais ne se ressemblent pas.
J’ai pris quelques jours avec mes enfants et nous sommes à Paris. Visites de musées, de lieux historiques et dîners avec mon père. Il a beaucoup maigri. Il rentrera avec nous ce week-end pour une semaine en province. Tant pis pour ma-dame, je serai intraitable sur ce point, même si cela doit tuer définitivement notre couple. Mon souci, c’est d’arriver à rester le plus souvent possible à la maison la semaine à venir. J’ai des clients et une stagiaire. Je me débrouillerai.
IL Y A QUELQUES JOURS :
Mon père va rester presque 3 semaines. Je vais devoir le raccompagner chez lui pendant nos vacances. Cela me fend le cœur. Mon petit père, égoïste, vieillissant, dorénavant coincé dans le passé mais mon petit père. Mon père.
J’essaye de le décider à venir s’installer par ici. Des fois, je le sens prêt à accepter l’idée. Des fois, il fait marche arrière. Que peut être sa vie, seul, dans son petit studio ? La télé, la fenêtre, un jeu de carte, un appel de temps en temps. « J’ai eu une vie agréable ». Je connais cette phrase. Je crois que je voudrais la prononcer aussi parfois. Un bilan calme et résigné d'une vie dont on attend plus grand-chose.
Les enfants ne sont pas là. J’espère qu’ils s’amusent. Nous avons vu passer mon aînée. Ma-dame et elle ont fait les magasins ensemble. Amusant. Ma deuxième aînée est pleine de doutes. Je l’ai eu au téléphone. Elle voit son avenir un peu trop précisément tracé. Elle commence à rêver d’exil elle aussi. Fais le ma grande. Pars. Pars mais retourne toi de temps en temps. Nous avons aussi vu passer une des filles de ma-dame. Mes plus jeunes sont avec leurs cousins. Si le nombre de contacts que j’ai avec eux est proportionnel à leur ennui, ils s’amusent bien, je peux me rassurer.
Ma-dame et moi attendons de pouvoir souffler. Ce qui ne saurait tarder. Elle a besoin de se changer les idées. Elle a besoin de légèreté. Je suis attentionné, du mieux que je puisse. Je l’écoute. J’essaye d’aider. Elle est fragile mais se cache, comme beaucoup de femmes. Je crois qu’elle apprécie le respect et l’amour que je lui porte. Je regrette parfois de l’avoir entraîné dans cette aventure. Mais après tout, ce ne sont que des vies et les nôtres ne sont pas les pire.
J’ai des coups de fatigues épouvantables. Même respirer me fatigue dans ces moments là. C’est très désagréable. Je suis comme anéanti. Et puis je redémarre. Il ne faudrait pas que je travaille moins de 10h par jour. Ça n’a rien d’exceptionnel, beaucoup de gens travaillent plus que cela. Je travaille de la maison, je suis au moins près de mon père. Moi. Mes problèmes. Mon nombril. C’est curieux une vie, un homme. Je pense à nous tous, chacun avec nos désirs, nos angoisses, nos joies, nos peines. Qu'en reste t’il après notre passage ? Qui saura ce que nous pensions, ressentions ? Qui pourra entrevoir la complexité de nos existences pour la plupart si médiocres, au moins en apparence ? Des générations se succèdent. Nous, aujourd’hui, via les outils et supports dont nous disposons, avons la possibilité de laisser – plus facilement qu’avant - un message à ceux qui nous succèderons. Je pense aux enfants de nos enfants. Leur laisser entrevoir ce qu’il y avait derrière la photo – numérique – de leur arrière grand aïeul. Curieux comme pensée.
Plaie d’argent n’est pas mortelle. Heureusement. Je suis fauché comme les blés. Je ne sais pas comment j’ai réussi à me mettre dans cette situation. J’ai des sentiments partagés à ce sujet. Je pense à ceux qui sont en permanence au bord du gouffre, à ceux qui y tombent, à ceux qui ont touché le fond. Et quand les impôts nous contactent pour nous faire part d’une erreur sur le calcul d’une taxe il y a un an et exigent un paiement immédiat, je suis content de contribuer à un peu de solidarité. Mais je voudrais cette solidarité sélective. Parler de gaspillage est politiquement correct, c'est même dans l'air du temps, nous sommes en période de "rigueur". Parler de parasites ne l’est pas. Pourtant, il y a les deux. Du gaspillage, à tous les niveaux – que l’on tente de compenser par des effets d’annonce – et des opportunistes. Ceux que je crains le plus sont ceux qui avouent sans complexe leur attitude en la justifiant parce que « si ce n’est pas eux, ce sera quelqu’un d’autre ».
IL Y A… MAINTENANT :
J’espère que ceux qui passeront par ici se souviendront de moi.
Mais non, je voulais dire que j’espère que ceux qui liront ce mot ont passé, passent ou vont passer de bonne vacances, qu'ils se forgent un moral d’acier et une santé de fer (avec une pincée d’inox pour ne pas rouiller trop vite…).
« Et c'est le temps qui court, court, qui nous rend sérieux.
La vie nous a rendu plus orgueilleux
Parce que le temps qui court, court, change les plaisirs
Et que le manque d'amour nous fait vieillir.
À l'heure qu'il est, mes voitures de plastique
Sont devenues vraies depuis longtemps
Et finalement, les affaires et l'argent
Ont remplacé mes jouets d'avant.»
(Adaptation française d’Alain Chamfort d’une chanson de Barry Manilow)
(Adaptation française d’Alain Chamfort d’une chanson de Barry Manilow)
Est-ce que savoir qu'il y a d'autres personnes dans des situations comparables est rassurant?
RépondreSupprimerJ'en doute.
En revanche, savoir que parmi ces personnes là, certaines en ont une vision plutôt claire, et saine, cela fait du bien, car parfois on peut avoir l'impression d'être bien isolé au milieu des vicissitudes de la vie.
Je connais bien le syndrome de l'autruche lorsqu'un conflit, latent ou non, semble insoluble. Pourtant, a bien y réfléchir, cette stratégie n'a jamais vraiment porté de fruits. peut-être faudrait-il taper du poing sur la table et inviter tout le monde à s'exprimer.
Je l'ai fait avec mes enfants et cela nous a fait beaucoup de bien.
Ca me désole, Père, de vous savoir en pleine guerre froide. Ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre... Quel courage, je ne sais pas faire moi. Je crie, je hurle à l'injustice, je menace, j'exhorte au retour à la sérénité, et je n'obtiens que l'effet inverse, le conflit ouvert, qu'il faut régler avant qu'il ne dégénère.
RépondreSupprimerCelà dit, je ne suis pas confronté au désaveu entre mon mari et mes enfants, ils s'ignorent de façade mais c'est un manque de langage commun, une absence de démonstration (faut rester viril hein !) qui donnent ce sentiment d'indifférence. L'aîné a demandé à l'homme de l'accompagner pour aller chercher les résultats du bac, c'est le cadet qui a charrié le tas de sable et de terre d'un côté à l'autre de la pelouse, c'est eux trois qui nous ont planté là, pour aller voir un film de "mec" au cinéma. J'ai de la chance finalement.
Pour mon père par contre... le conflit n'est pas entre l'homme et moi, mais entre mère et moi. J'ai renoncé à m'expliquer, renoncé à trouver des solutions, j'ai abandonnée la partie.
Je souhaite que vous retrouviez la sérénité, que chacun continue sur les bonnes manières, peut-être finiront-elles par porter leurs fruits, laisser le temps à chacune de se dire que l'autre n'est finalement pas aussi terrible que ça.
C'est difficile, une famille recomposée... c'est difficile tous les jours, certains plus que d'autres mais c'est effectivement loin d'être le pays des Bisounours. Je suis à la foi ravie de te lire à nouveau, et désolée de voir que le temps passe et ne résout rien. On ne peut pas obliger des personnes à s'aimer, sous le prétexte qu'elles ont un être aimé en commun. Juste qu'elles cohabitent au moins pire possible, en attendant...
RépondreSupprimerCombien de temps tiendras-tu ainsi, pris en étau entre deux feux ? Les épaules sont larges, la (bonne) volonté de fer mais pas inépuisables.
Je te souhaite du repos, du repos, du calme, sans sollicitation aucune. Prendre le large, temporairement, peut être, pour retrouver un peu de sérénité. Sinon, pour ça, à deux, je vous conseille 3-4j à l'aventure, en chambres d'hôtes sur le plateau de Millevaches, au fin fond des Cévènnes, ou dans les petits coins d'Ardèche. ça requinque, garanti. Chez nous, c'est notre bouée annuelle. Retrouver l'autre "hors contexte".
(PS : et pour ça du coup si vous voulez des adresses on en a plein notre carnet, à force, depuis 8 ans qu'on pratique ce genre d'escapades salavatrices !)
Amitiés
c'est difficile une famille recomposée...
RépondreSupprimeret pourtant ! cela chante comme la vie
Je cogite tout en lisant tes derniers mots.
RépondreSupprimerSauf erreur de ma part, ton entrée en « recomposition » a véritablement eu lieu en Octobre 2008 (après mûre réflexion).
La mienne a eu lieu le 6 Mai 2006 (après mûre réflexion).
Pour toi, 2 ans bientôt si je ne fais pas erreur.
Pour moi, 4 ans déjà.
Il faudrait analyser notre progression, réfléchir calmement aux points gagnés, aux points perdus, aux points en perpétuelle stagnation.
- Je suis persuadée qu’objectivement, nous avons réussi à construire, aplanir, gérer, ou améliorer des situations, des relations ou des comportements depuis notre point de départ.
- Puis il y a des domaines dans lesquels nous avons régressé, qui nous semblent moins positifs encore qu’au début de l’histoire.
- Et il reste cette énorme somme de « voies sans issues », ces énigmes relationnelles, ces nœuds qui nous empêchent de nous épanouir, de vivre vraiment heureux. Ce sont nos écueils, nos « casse-tête » chinois, nos obstacles permanents. Et ce sont nos sources de doutes, ce qui parfois nous donne envie de tout arrêter par lassitude.
On se dit que l’on a « tout essayé », et que l’échec se profile à l’horizon.
Et si on essayait de faire le point, largement, sur les progrès accomplis, sur ce qui a bien évolué, sur ce que l’histoire nous apporte aujourd’hui de meilleur (de meilleur qu’avant, lorsque nous étions seuls à la maison avec nos enfants respectifs).
Puis on pense à ce qui était bien avant l’emménagement commun et qui s’est dégradé à cause de cette expérience.
Enfin, on identifie les gros freins, les vrais problèmes récurrents, les « noeuds » de tout le monde, les sources des conflits permanents.
1- On se félicite des progrès, rude bataille.
2- On essaie de « revenir » à la genèse, de se rappeler pourquoi on a essayé de construire une vie ensemble, avec « l‘autre »… là c’est facile, on va répondre toi et moi « par amour ». Il faut peut-être que l’on s’en souvienne un peu plus souvent pour ne pas trop s’abîmer.
3- L’enfer, c’est le dernier volet: les relations de l’autre avec nos enfants, celles de nos enfants avec l’autre, nous par rapport à ses enfants, et envers nous le comportement de ses enfants.
Et j’ajoute à cela nos relations et ses relations avec nos familles et nos exs respectifs.
Un joyeux bordel (sorry) qui ternit les bénéfices du point n°1 (on oublie nos progrès) et accentue l’effet pervers du point n°2 (notre relation amoureuse avec l’autre est en danger).
Et si on faisait comme au bureau?
On énumère tout ce qui ne fonctionne pas dans le point 3.
On ne se cache rien, on ne fait pas l’autruche.
Puis on essaie de mettre au point une stratégie pour régler chaque problème au cas pas cas.
Enfin on fait une synthèse et on évalue notre pourcentage de chances de succès.
On se fixe des objectifs réalisables. Et on tente des approches différentes.
Tu fais des tableaux, moi je fais des briefs.
On isole le paramètres « conflits », on stimule nos neurones sur les sources, et on lance une campagne de réflexion sur les solutions.
On applique, on fait des réunions de chantier, on évalue les bénéfices de l’opération!
Je sais, tu vas penser que je délire, mais si nous réagissions un peu comme s’il ne s’agissait pas de nous, avec un regard extérieur sur nos actes et les réactions de nos proches, j’imagine qu’en faisant juste fonctionner notre petit cerveau tout englué, on aurait une chance d’y voir plus clair.
Je cogite.
Après, si l’affaire n’est pas safe, on se casse ! (non, là je rigole hein).
Je n'ose dire "je repasse bientôt"...!!
RépondreSupprimerVos commentaires sont très intéressants, toujours (je le pense vraiment). Je suis en retard de réponses sur les deux derniers messages. Désolé. Je devrais pouvoir me "débloquer" du temps dans un "avenir proche" (c'est flou aussi ça...).
Manderley, excellente idée et faire des tableaux c'est ma spécialité (j'ai même une proposition amusante à te faire !!).
Les familles recomposées sont rarement une réussite complète. Une famille est déjà une grande source de conflits, alors lorsqu'il s'agit de faire composer deux moitiés de familles, c'est encore bien moins simple. Je me permets, en toute amitié, de soutenir un peu votre dame : elle vous dit qu'elle n'est pas chez elle. Elle a raison : la jouissance d'un premier étage et d'une partie du RdeC ne font pas un foyer. Malheureusement, ce ne sont pas quelques jours volés au quotidien au gré d'un séjour par çi, par là, qui arrangent les choses, bien au contraire : le retour à ce quotidien qu'on fuit n'en est que plus désagréable. En plus, vous vous trompez peut-être : ce n'est pas parce qu'on ne vit pas sous le même toit, qu'un couple est condamné à la séparation. Le Joli-Papa de ma fille est divorcé. Lui et sa Dame n'ont jamais vécu sous le même toit, aucun ne voulait imposer à l'autre ses enfants et sa vie d'avant... Ils ne se voient que lorsqu'ils sont tout à fait disponibles l'un pour l'autre...et ça les rend heureux depuis près de 20 ans maintenant... Alors, ça vaut peut-être la peine d'essayer cette formule... Le plus difficile à admettre c'est qu'une famille recomposée, aussi bien soit-elle, ne remplace jamais la famille d'avant pour les enfants. C'est cela le plus difficile. Les enfants ne disent rien, mais ils n'en pensent pas moins et sont sans cesse tirailler entre ces deux vies et ces deux moitiés de familles....
RépondreSupprimerELB : Je crois que si. Ne pas se savoir seul est un réconfort.
RépondreSupprimerSi tu lis les autres messages que j’ai posté, tu verras que j’ai essayé de discuter, d’arrondir les angles, de négocier, que j’ai réuni tout le monde autour de la table pour dire ce qu’il y a avait à dire, partager les points de vue. Je crois que cela a à moitié réussi et donc à moitié raté. Quoiqu’il en soit, maintenant j’observe et je distille mon point de vue et mes « conseils » au compte goutte. Il faut savoir se ménager aussi parfois.
Lapunaise : Pas de courage malheureusement. Je renonce à essayer de faire adhérer les grandes au projet. Et puis, bon an mal an, nous attaquons tout de même la quatrième année de vie « recomposée ». Il y a parfois des mélanges, des associations étranges comme ma-dame et aînée qui se donnent une mission commune. Et à chaque jour suffit sa peine. Je n’ai plus la prétention d’apporter la sérénité chez nous. Si j’y suis bien, ce sera déjà pas mal…Et vive l’égoïsme.
FD : Je suis preneur des adresses pour les escapades. Mais nous verrons ça vers la fin de l’année…Notre crédit vacances est épuisé.
Non., effectivement, on ne peut pas obliger les gens à s’aimer. A se respecter si, on le peut et on le doit. Mais c’est la une tâche bien difficile ! Les grandes n’appartiendront jamais à cette recomposition, c’est un fait acquis. Amitiés aussi.
Christel : Le chant est parfois un peu dissonant… Il faudrait un bon chef d’orchestre et je suis très mauvais en solfège…
Manderley : Chère PAG. Quand tu auras retrouvé un peu de sérénité professionnelle (et contacte le ce type, t’attends quoi ?), je te parlerai de ce projet que nous pourrions mener ensemble. Non, non, je ne vais pas te proposer de nous lancer dans la recomposition, rien à voir avec ça ! Nous resterons chacun à notre place mais nous échangerons et créerons un truc ensemble. Mais on pourra toujours se casser, pas de problème (ben non, je rigole pas !!)
LPQR