mercredi 15 avril 2015

Infierno

Pour être honnête - et même si j'écris rarement en ce moment - c'est plus pour vous que pour moi je poste cet article.


'C'est qui vous ?"


Vous ? Ce sont les lectrices (le masculin n'a pas lieu d'être dans le cas présent) qui me suivent plus ou moins régulièrement. D'une façon ou d'une autre "vous" faîtes partie de mon environnement. Certaines sont très présentes, d'autres l'ont été, pour des échanges de natures très différentes. J'ai plus de regrets que de remords dans ce domaine.


Nous en sommes à un stade ici - ici chez moi - où une personne de la croix rouge passe trois fois par jour. Mon père ne se lève pratiquement plus et généralement il a besoin d'une personne pour le soutenir.
Hier, on l'aidant à aller aux toilettes, en l'aidant à baisser son pyjama, en l'aidant à le remonter, en voyant les couches dans l'entrée, je me suis dit, ça y est, c'est reparti.


C'est reparti comme quand ma mère était malade - 30 - 35 plus tôt - et que je la portais jusqu'aux toilettes.


Combien de temps encore ? Un certain temps. Car "c'est parti" pour le maintien au domicile jusqu'à la mort. La sienne ou le mienne, je ne sais pas.
Ce vieil égoïste qui ne voulait pas de la maison de retraite et n'a jamais souhaité un anniversaire de ses petits enfants, aura réussi à partir en nous entrainant lentement vers l'enfer.


C'est parti pour le matelas anti-escarres, le lit "médical", sans doute la chaise roulante. Tout ce que nous avions pour ma mère.
Viendront avec les perfusions, les piqures, les soins médicaux quotidiens.
Je me rappelle de tout ça.


Je ne pense pas à sa souffrance ? Mais si j'y pense. Je crois avoir fait tout ce qu'il fallait quand il le fallait ? Absolument pas. Seulement je porte un regard peu clément sur cet homme qui a su rester absent longtemps pour ne réapparaitre que quand il avait besoin de nous.
Cet homme qui n'a voulu qu'un enfant par pur égoïsme contre l'avis de ma mère.
Cet homme qui ne s'est jamais intéressé à nous mais n'a fait que nous parler de lui, de lui et de lui.


Alors je m'occupe de lui parce que c'est un être humain, faible, sans défense et que l'égoïsme ne justifie pas la souffrance.


J'ai abandonné tout espoir de rencontre. Qui voudrait d'un homme qui s'occupe de son père, ne part pas en vacances, ne part pas en week-end, rentre maintenant du travail à 20h ?
Je vais à des rendez-vous quand on me sollicite, j'offre des cafés, je fais des promenades mais je me rends compte que je le fais avec des femmes qui ne me plaisent pas, comme si je voulais éviter impérativement de rencontrer quelqu'un et de devoir lui livrer mon "secret". Je ne contacte plus les profils qui me plaisent le plus.


Je parle, je rigole, je suis agréable, le moment partagé est agréable.


Quant à rencontrer des personnes sans site de rencontre, je crois qu'il faut venir prendre ma place pour réaliser que ce n'est pas vraiment possible. Je n'ai même plus le temps de m'entrainer en ce semaine, je finis trop tard.
Samedi, le matin c'est piscine,, course à pied éventuellement, les courses à midi ou en début d'après-midi, différentes tâches domestiques, puis le repas du soir. J'essaye d'aller voir des concerts vers 21h mais je ne fais pas partie des dragueurs. C'est comme ça et ça ne changera pas. Et puis, cette espèce de faune de la nuit ne me plait pas spécialement.
Dimanche matin repos ou sport, repas, sieste après manger (je dors mal et suis dans un état de fatigue assez prononcé parfois) et si je peux un café pour un rendez-vous avant de revenir à 19h préparer le diner.


Voilà; Je suis en retard pour aller au bureau. Mais j'ai posté un message. J'espère que "vous" apprécierez....
Et même si je les lis avec toujours beaucoup d'intérêt, je ne réponds pas vraiment aux messages, au moins pour l'instant.


J'espère que "tu" vas bien...

5 commentaires:

  1. Je pense bien à toi LPC et je t'embrasse.

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  2. Merci d'avoir pris le temps de nous écrire .. Je revis avec toi la lente descente de mon père vers l'autre monde , c'est une période bien difficile ...

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  3. Je passais dans le coin...
    Je ne suis pas d'accord !
    (ben quoi !)
    Un homme qui prend soin de son père âgé et malade, avec des obligations professionnelles et un emploi du temps à gérer, pour moi c'est juste un homme parfaitement normal dans la cinquantaine, qui fait face à ses responsabilités.

    On vit les deux pieds dans la réalité et même si j'adore Cendrillon, c'est plus de mon âge ;-)

    Non sérieusement, une femme digne de ce nom qui rencontre un homme de qualité avec son lot d'obligations et de charges ne lui tournera pas le dos, tu te trompes lourdement ! Toutes les femmes ne sont pas des dindes Padre, faut pas pousser non plus !!!

    D'ailleurs qui voudrait d'une femme ou d'un homme qui ne soit là que pour les bon moments ???

    Will Smith tu connais ? Ouais je sais j'ai des références...

    " Si tu n'es pas là lors de mes "défaites", n'espère pas être là lors de mes victoires"

    La bise !
    Man

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  4. Bien sûr qu'on apprécie, bien sûr !

    Un peu comme Man, je ne suis pas tout à fait d'accord. Tu es aidant, pas soignant. Tu as déjà vécu la situation pour savoir que tu ne peux pas tout faire.

    Préserver ta vie aussi fais partie de tes obligations. Alors si pour ça, il faut demander une aide supplémentaire, fais le. Ca ou la maison médicalisée. Parce que malgré ce que tu en penses, ce n'est ni à ton père ni à toi de prendre la décision. Le médecin est là pour ça. Et s'il dit "maison médicalisée" alors tu feras le nécessaire.

    Pas que le nécessaire pour lui, mais aussi pour toi. Ok, sa souffrance, sa dépendance, d'accord, vraiment d'accord. Mais le reste aussi, ce que tu as vécu, enduré, supporté, rentre dans la balance.

    Ma mère s'est "sacrifiée" pour ses parents, ses beaux-parents, culpabilisant encore et encore, et nous culpabilisant encore plus. Sa vraie place n'était pas là. Elle était leur fille, belle-fille, mais pas leur soignante. Ce n'était pas son métier. Elle a aidé, trop, beaucoup trop, pour finir par y laisser sa capacité de raisonnement, et d'humanité. Elle est devenue une esclave volontaire. Et plus elle le devenait, plus la fonction était lourde et dévastatrice pour nous et mon père.

    Il faut aussi que tu penses à toi. Vraiment.

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  5. Salut l'Ami Padre...
    Je suis rentrée de voyage...
    Et toi t'es où alors ?
    Gros Bisous :-)

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