Que dire ?
Le temps passe lentement. Lentement mais inéluctablement, impitoyablement.
Je vieillis sans gesticulations. Est-ce ce que l’on
appelle la sagesse ? Il me semble déjà avoir écrit là-dessus.
J’ai construits une routine confortable et protectrice.
Une vie pavée de repères comme des pierres pour passer une rivière au sec.
Je pourrais vivre cette vie indéfiniment. Elle ne m’ennuie pas. Elle a ses moments de
bonheur, des petits bonheurs, des bonheurs simples à savourer, avec tous ses
sens.
Ne pas subir de coups, c’est déjà beaucoup.
C’est cette impression d’être épargné qui me procure cet
apaisement.
Pas de maladies qui s’emballent, pas d’ombres menaçantes
de la mort, pas d’accidents, pas de chômage. C’est déjà ça.
Evidemment, de mon île, en regardant au large, je vois
bien des orages qui se préparent au loin : L’état de santé de mon père,
physique et mental, qui ne pourra que se dégrader, la fin de carrière
professionnelle qui sera difficile (comme pour beaucoup de séniors), la difficulté
grandissante à faire face aux dépenses (les enfants seront-ils indépendants
avant que je ne puisse plus les aider ? Cette année est la pire de toutes,
l’augmentation des impôts, des loyers, des transports pour ne citer qu’eux,
m’étrangle).
Mais je ne veux pas y penser.
Mon quotidien se déroule selon un plan qui varie peu.
J’ai augmenté mes horaires de travail : Plus
d’enfants à la maison. Je pars du bureau vers 18h30 – 19h15. Je prépare un
repas rapide pour mon père et moi. Un couple de petits vieux.
Je mange avec ma tablette à côté de moi, en regardant une
série, pour couvrir les insupportables bruits de bouche. Je suis devenu un
dévoreur de série. Je les épuise toutes. Game of thrones, Under the dome, Marvel’s agents of shield, Vikings,
Defiance…
Elles m’aident à m’échapper. Lavage de cerveau
parfaitement accepté.
Généralement je continue à suivre un épisode après le
repas : J’ai lâchement abandonné le canapé devant la télé et je laisse mon
père regarder seul le grand écran.
L’actuelle préparation à un marathon m’empêche de
pratiquer toutes les disciplines du triathlon. J’ai temporairement abandonné le
vélo.
Le dimanche matin consiste en une sortie longue d’une
vingtaine de kilomètres, pendant environ 2h.
Et puis, si des enfants ou mon amie sont là, je prépare à
manger. Une cuisine simple à laquelle
j’apporte tout de même le plus de
soin possible.
Dimanche dernier j’ai préparé des cuisses de poulets au
miel, moutarde et poudre d’arachide, accompagnées d’une sorte de ratatouille
avec une sauce réalisée avec du lait de coco, de la sauce soja salée, de l’ail et des tomates pelées.
Parfois, je confectionne un dessert avant le repas ou
dans l’après-midi : Classique moelleux au chocolat, sablés, tarte au
citron meringuée, tarte aux noix de pécans caramélisée, tarte aux fruits rouges
avec crème pâtissière. Je tiens absolument à tout faire moi-même ; les
pâtes, les crèmes.
Nous mangeons dans le salon que j’ai récupéré après avoir
déménagé la télé dans une des chambres.
Ceci donne une ambiance de « repas du dimanche en
famille » qui me ravie.
Recevoir, cela me manquait. J’ai d’ailleurs recommencé à
inviter des amis. Le salon, occupé très occasionnellement par mon père qui
continue à y faire ses réussites, à retrouver un aspect et une odeur
acceptables et convenables. L’odeur de cheveux gras n’y flotte plus. Certes, je
dois parfois poser la table basse sur le canapé qui s’y trouve pour empêcher
toute tentative de sieste dans l’endroit.
Le lundi c’est repos. Repos sportif. J’en profite pour
finir tard (tout est relatif), vers 19h15.
Mardi midi, course à allure tranquille pendant
une heure. Si nous n’avons pas prévu d’aller au cinéma avec mon amie – pour
profiter de l’offre « jour de ciné » de mon opérateur téléphonique,
je pars aussi vers 19h (19h30 hier).
Mercredi, séance de course « fractionnée » le
midi ou le soir. Aujourd’hui, comme je profite de la pause repas pour écrire ce
billet, ce sera le soir Je retrouverai mon camarade d’entraînement. Je ne vois
plus guère la jeune triathlète. Elle avait mis en pause ses entraînements après
une blessure et indéniablement de la distance entre nous. Qu’ai-je fait ou
dit ? Je ne sais pas. J’ai pris soin de toujours garder mon pantalon, mes
gestes et mes paroles parfaitement décents.
Jeudi, natation le soir. Mais des déplacements m’ont pour
l’instant tenu loin du bassin.
Vendredi, la journée que je préfère. Le dernier jour de
travail de la semaine. Une joie comparable à celle que j’éprouvais à la veille
des vacances scolaires quand j’étais élève. Une impression de pouvoir vivre à
un rythme plus lent, de pouvoir se laisser porter.
Le samedi est souvent bien occupé. Natation puis
course à pied le matin. Un repas vite
préparé pour pouvoir faire les courses pendant le repas pour éviter les autres
consommateurs.
Bien qu’ils ne soient pas majoritaires – quoi que … -
éviter les hordes de porteurs de jogging à cheveux gras, avachis sur leur
caddie, puant la sueur et le tabac froid, accompagnés de relents d’alcool,
plantés au milieu des allées, éviter les groupes de coqs à casquettes, garés de
travers sur les places handicapées, trimballant leur pouffe blonde dont
l’unique avantage est leur plastique qu’elles exhibent sous des tenues de
chanteuses américaines en représentation , éviter ceux-là et beaucoup d’autres
qui me font me poser des questions sur notre modèle de société, m’enchante.
C’est aussi une façon de se ménager.
Et puis il y a les jeux à gratter dont mon père est
toujours adepte. Son petit plaisir, bien anodin, de la semaine.
Ensuite viennent quelques papiers à remplir, un peu
d’entretien du jardin – je devrais dire la tonte, c’est tout ce que j’y fais –
ou des courses autres qu’alimentaires.
Et le soir, c’est le repas au restaurant,
l’incontournable repas au restaurant, seule sortie de mon père.
Et un week-end sur deux, il y a elle. Elle que je me
prends à aimer comme si c’était mon dernier jour. Ma jolie brune. Je craque
devant ses grands yeux, si légèrement maquillés. Son corps, si fin, dont chaque
courbe ne finit pas de m’émerveiller. La toucher, la sentir
J’ai accepté nos
différences. Je la comprends. Je ne la juge pas. Je n’essaye pas de la changer.
Je la respecte. Et j’en suis amoureux. C’est une pensée douce, réconfortante, une
énergie positive qui élève. Cette aussi une vague d'émotion qui vous submerge, c’est…. La vie.
Ma vie n’est pas finie mais elle est bien entamée.
Quelle joie de te lire !
RépondreSupprimerParfois, les dames apprécient qu'un monsieur garde son pantalon et reste décent. Mais parfois elles auraient souhaité qu'ils fassent tout le contraire...
Difficile d'en juger à te lire. Mais elle a peut être ete vexée par ton indifference :-)
Comprendre les femmes c'est un job à plein temps !
Sinon tes enfants ? Sur des rails ? Tout roule ?
Bises !
J'aime te lire ainsi : serein et philosophe (et un peu fataliste mais ça ne serait pas toi, sinon ;-)). Je t'embrasse !
RépondreSupprimerOui d'ailleurs tu reviens quand tu veux !!! Peut-être avant Noël :)
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