samedi 14 mars 2015

Mme 47 km


J’ai vu « Mme 47 km » un soir en sortant du bureau. Nous nous étions donnés rendez-vous à l’entrée d’un parc situé à mi-chemin entre son domicile et ma société, enfin, cette qui m'emploie.

Elle est arrivée à l’heure, j’étais en avance.

Très dynamique, très volubile, le dialogue c’est vite engagé. "Dialogue",  car j’arrivais tout de même à placer quelques phrases. Nous avons marché sur un chemin qui suivait une petite rivière qui coulait derrière le château. Il faisait bon et la luminosité était encore bonne bien qu’elle commençait à baisser. A sa façon d’être très près de moi en marchant, si près que nous nous heurtions sans cesse, à la façon dont son bras ne se balançait pas naturellement, volontairement freiné dans l’amplitude de son mouvement, comme si ça main cherchait à attraper la mienne, j’ai compris que je lui plaisais. Nous nous sommes arrêtés sur un petit pont qui enjambait la rivière et surplombait une rupture de pente qui créait une espèce de cascade. Elle m’a raconté qu’enfant, elle se baignait là. Elle était pratiquement appuyée contre moi. Je me demandais si j’allais l’embrasser.

Nous avons fait demi-tour, le jour commençait à tomber. J’ai regardé son profil, il me plaisait. Sa coupe d cheveux me faisait penser à celle d’une femme que j’ai souvent représentée, soit en dessin, soit en image de synthèse. Des cheveux noirs, avec un carré court « plongeant », dont les mèches cachaient presque un œil.

Nous sommes arrivés aux voitures. Elle se tenait face à moi. Je l’ai embrassé. Elle s’est laissée faire. Nous avons dû passer 30 minutes à nous enlacer doucement, laissant nos mains et nos bras découvrir pudiquement le corps de l’autre ; La nuque, les bras, la taille, les hanches.

 

Nous avons supprimé nos comptes sur le site de rencontres. Elle a montré mes photos à sa fille la plus jeune,  à sa mère,  à son amie. J’ai trouvé ça trop rapide.

 

Deux jours se sont passés. J’ai profité un soir, tard, d’un retour de déplacement pour sortir de l’autoroute et l’attendre au péage. Elle est arrivée et m’a proposé de la suivre chez elle. La nationale était déserte à cette heure de la nuit. Nous avons roulé 10 minutes. Son appartement avait une taille modeste mais il était décoré avec goût. Elle m’a désigné une porte dans le couloir en me disant que derrière elle se trouvait deux chambres dans lesquelles elle avait une de ses filles et une amie étrangère qu’elle hébergeait.

Evidemment nous avons fini par arriver sur son canapé. J’ai demandé si elle ne craignait pas que quelqu’un n'entre et quand elle m’a répondu qu’il n’y avait pas de risques, j'ai douté du fait que les chambres étaient bien occupées ce soir.  Evidemment, les fermetures par boutons, à glissière, par crochets se sont ouvertes, libérant un flot de désirs. Lorsqu’elle m’a dit « il ne faut pas » en n’opposant aucune résistance, en continuant à faire tout ce qu’il fallait – très bien du reste – pour que nos corps n’aient plus que l’idée d’exulter, j’ai pensé à MASH et aux « lèvres en feu ». Pas méchamment. Juste une référence qui s’invite à chaque fois qu’une femme me dit « non, arrête » ou « il ne faut pas » ou « que vas-tu penser de moi » ou « ce n’est pas bien » en se laissant faire, en donnant même plus d’intensité aux échanges. J’ai aussi pensé à cette période d’avant Madame et à cette brève période où nous avions rompu,  ce cumul de plus de trois ans de papillonnage, où cette scène c’est souvent présentée : Cette résistance verbale que le langage corporel nie complètement. C’est sans doute une façon d’attiser le désir de l’autre, peut-être de lui donner un certain « pouvoir » ou plutôt, de lui faire croire qu’il « a » un certain pouvoir. Car il me semble que l’homme aime être valorisé. Il a besoin de se sentir mâle, un peu dominateur (sans violence bien sûr). Lui faire croire que l’on cède à son charme ou à ses caresses attise son désir. Rien de péjoratif dans ma remarque, rien de dégradant dans la stratégie, car il s’agit bien de ça finalement, d'une stratégie.

Je ne décris pas plus ce qui est arrivé. Après la frénésie des instants, les corps se sont apaisés, les tensions sont tombées, les esprits sont redevenus lucides, les mouvements plus calmes. Nous avons échangé des mots gentils, des compliments.

 

Un dernier baiser et j’ai repris la nationale, puis l’autoroute, puis une autre nationale. Les 10 heures de voiture et les heures sensuelles m’avaient fatigué. Les 45 minutes de route m’ont paru une éternité.

 

Une journée est passée avec des échanges de mots gentils. Puis le samedi est arrivé. Je n’avais rien prévu pour le soir. Elle avait normalement sa fille. L’après-midi seul a été long. Je  me suis dit que j’étais finalement toujours seul. Que j’aurais au moins voulu pouvoir prendre un café avec « ma partenaire ».

Par sms, dans la soirée, elle m’a annoncé qu’elle sortait avec une amie qui voulait aller boire un verre et aller danser dans la ville où j’habite. Elle a précisé qu’elle ne voulait pas y aller. J’ai demandé si elle sortait souvent ainsi. Sa réponse m’a paru confuse, gênée. Une sorte de « oui mais non ». Elle avait voir, elle ne savait pas, elle allait décider si elle y allait. J’ai attendu qu’elle me propose de la rejoindre ou plutôt de nous voir. J’aurais pu faire la proposition mais j’ai attendu.

Quand sa proposition est venue, il était trop tard. J’avais pris la décision que nous n’irions pas plus loin. Toujours par sms, je lui ai écrit qu’il fallait mieux arrêter que nous n’avions pas les mêmes centres d’intérêt (je déteste les boîtes de nuit), que nous étions trop loin.

J’ai reçu un message avec un peu plus de temps qu’il ne fallait pour l’écrire. Comme si un temps de réflexion avait été nécessaire.

« Comme tu le souhaites, je sais que tu as raison. Je suis heureuse d’avoir été un peu avec toi. Tu es un homme très bien, je l’ai ressentie la première fois que nous nous sommes vus. Le bonheur est proche pour toi car tu es sensible, beau et très correct, vraiment très séduisant, attentif à tes enfants, bref, super, vraiment trop avec tes jolis yeux ».

J'ai trouvé ça très délicat, très raisonnable aussi. J’ai répondu à mon tour avec des compliments sincères. Sa volonté, son courage, sa bonne humeur, son joli visage, une personne bien en somme.

 

Par la suite, nous avons pris quelques nouvelles. Et puis le silence. Et nos comptes sont à nouveau ouverts sur le même site.

 

Un autre rendez-vous a suivi. Une histoire plus courte encore et moins sensuelle…

2 commentaires:

  1. ..je "tombe" par hasard sur ton site, en venant de chez Tanette..et je lis avec plaisir tes derniers articles....Il y a tant de vrai dans tes mots !! .. je connais les sites de rencontres.. Après la perte de mon mari il y a 12 ans, et un certain temps pour me re-équilibrer, je tente de nouveau la reconstruction d'une vie à deux.....dans nos campagnes, les rencontres sont tellement difficiles....(pas trouvé de "contacter l'auteur ici... Belle continuation à toi et bonne chance...!

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    1. Merci de votre commentaire. Alors, pour "contacter l'auteur", il faut écrire ici : leperequirecompose(arobase)Hotmail(point)fr
      C'est pour éviter les pubs :)

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