J’ai vu « Mme 47 km » un soir en
sortant du bureau. Nous nous étions donnés rendez-vous à l’entrée d’un parc
situé à mi-chemin entre son domicile et ma société, enfin, cette qui m'emploie.
Elle est arrivée à l’heure, j’étais en avance.
Très dynamique, très volubile, le dialogue c’est
vite engagé. "Dialogue", car j’arrivais tout de même à placer quelques phrases. Nous avons
marché sur un chemin qui suivait une petite rivière qui coulait derrière
le château. Il faisait bon et la luminosité était encore bonne bien qu’elle
commençait à baisser. A sa façon d’être très près de moi en marchant, si près
que nous nous heurtions sans cesse, à la façon dont son bras ne se balançait
pas naturellement, volontairement freiné dans l’amplitude de son mouvement,
comme si ça main cherchait à attraper la mienne, j’ai compris que je lui
plaisais. Nous nous sommes arrêtés sur un petit pont qui enjambait la rivière
et surplombait une rupture de pente qui créait une espèce de cascade. Elle m’a
raconté qu’enfant, elle se baignait là. Elle était pratiquement appuyée contre
moi. Je me demandais si j’allais l’embrasser.
Nous avons fait demi-tour, le jour commençait
à tomber. J’ai regardé son profil, il me plaisait. Sa coupe d cheveux me
faisait penser à celle d’une femme que j’ai souvent représentée, soit en
dessin, soit en image de synthèse. Des cheveux noirs, avec un carré court « plongeant »,
dont les mèches cachaient presque un œil.
Nous sommes arrivés aux voitures. Elle se
tenait face à moi. Je l’ai embrassé. Elle s’est laissée faire. Nous avons dû
passer 30 minutes à nous enlacer doucement, laissant nos mains et nos bras
découvrir pudiquement le corps de l’autre ; La nuque, les bras, la taille, les
hanches.
Nous avons supprimé nos comptes sur le site de
rencontres. Elle a montré mes photos à sa fille la plus jeune, à sa mère,
à son amie. J’ai trouvé ça trop rapide.
Deux jours se sont passés. J’ai profité un
soir, tard, d’un retour de déplacement pour sortir de l’autoroute et l’attendre
au péage. Elle est arrivée et m’a proposé de la suivre chez elle. La nationale
était déserte à cette heure de la nuit. Nous avons roulé 10 minutes. Son
appartement avait une taille modeste mais il était décoré avec goût. Elle m’a désigné une porte dans le couloir en me disant
que derrière elle se trouvait deux chambres dans lesquelles elle avait une de ses
filles et une amie étrangère qu’elle hébergeait.
Evidemment nous avons fini par arriver sur son
canapé. J’ai demandé si elle ne craignait pas que quelqu’un n'entre et quand
elle m’a répondu qu’il n’y avait pas de risques, j'ai douté du fait que les
chambres étaient bien occupées ce soir. Evidemment,
les fermetures par boutons, à glissière, par crochets se sont ouvertes,
libérant un flot de désirs. Lorsqu’elle m’a dit « il ne faut pas » en
n’opposant aucune résistance, en continuant à faire tout ce qu’il fallait –
très bien du reste – pour que nos corps n’aient plus que l’idée d’exulter, j’ai
pensé à MASH et aux « lèvres en feu ». Pas méchamment. Juste une
référence qui s’invite à chaque fois qu’une femme me dit « non, arrête »
ou « il ne faut pas » ou « que vas-tu penser de moi » ou « ce
n’est pas bien » en se laissant faire, en donnant même plus d’intensité
aux échanges. J’ai aussi pensé à cette période d’avant Madame et à cette brève
période où nous avions rompu, ce cumul
de plus de trois ans de papillonnage, où cette scène c’est souvent présentée :
Cette résistance verbale que le langage corporel nie complètement. C’est sans
doute une façon d’attiser le désir de l’autre, peut-être de lui donner un
certain « pouvoir » ou plutôt, de lui faire croire qu’il « a »
un certain pouvoir. Car il me semble que l’homme aime être valorisé. Il a
besoin de se sentir mâle, un peu dominateur (sans violence bien sûr). Lui faire
croire que l’on cède à son charme ou à ses caresses attise son désir. Rien de
péjoratif dans ma remarque, rien de dégradant dans la stratégie, car il s’agit
bien de ça finalement, d'une stratégie.
Je ne décris pas plus ce qui est arrivé. Après la frénésie des instants, les
corps se sont apaisés, les tensions sont tombées, les esprits sont redevenus
lucides, les mouvements plus calmes. Nous avons échangé des mots gentils, des
compliments.
Un dernier baiser et j’ai repris la nationale,
puis l’autoroute, puis une autre nationale. Les 10 heures de voiture et les
heures sensuelles m’avaient fatigué. Les 45 minutes de route m’ont paru une
éternité.
Une journée est passée avec des échanges de
mots gentils. Puis le samedi est arrivé. Je n’avais rien prévu pour le soir. Elle
avait normalement sa fille. L’après-midi seul a été long. Je me suis dit que j’étais finalement toujours
seul. Que j’aurais au moins voulu pouvoir prendre un café avec « ma
partenaire ».
Par sms, dans la soirée, elle m’a annoncé qu’elle
sortait avec une amie qui voulait aller boire un verre et aller danser dans la
ville où j’habite. Elle a précisé qu’elle ne voulait pas y aller. J’ai demandé
si elle sortait souvent ainsi. Sa réponse m’a paru confuse, gênée. Une sorte de « oui
mais non ». Elle avait voir, elle ne savait pas, elle allait décider si
elle y allait. J’ai attendu qu’elle me propose de la rejoindre ou plutôt de
nous voir. J’aurais pu faire la proposition mais j’ai attendu.
Quand sa proposition est venue, il était trop
tard. J’avais pris la décision que nous n’irions pas plus loin. Toujours par sms, je lui
ai écrit qu’il fallait mieux arrêter que nous n’avions pas les mêmes centres d’intérêt
(je déteste les boîtes de nuit), que nous étions trop loin.
J’ai reçu un message avec un peu plus de temps
qu’il ne fallait pour l’écrire. Comme si un temps de réflexion avait été nécessaire.
« Comme tu le souhaites, je sais que tu
as raison. Je suis heureuse d’avoir été un peu avec toi. Tu es un homme très
bien, je l’ai ressentie la première fois que nous nous sommes vus. Le bonheur
est proche pour toi car tu es sensible, beau et très correct, vraiment très
séduisant, attentif à tes enfants, bref, super, vraiment trop avec tes jolis
yeux ».
J'ai trouvé ça très délicat, très raisonnable aussi. J’ai répondu à mon tour avec des compliments
sincères. Sa volonté, son courage, sa bonne humeur, son joli visage, une
personne bien en somme.
Par la suite, nous avons pris quelques
nouvelles. Et puis le silence. Et nos comptes sont à nouveau ouverts sur le
même site.
Un autre rendez-vous a suivi. Une histoire
plus courte encore et moins sensuelle…
..je "tombe" par hasard sur ton site, en venant de chez Tanette..et je lis avec plaisir tes derniers articles....Il y a tant de vrai dans tes mots !! .. je connais les sites de rencontres.. Après la perte de mon mari il y a 12 ans, et un certain temps pour me re-équilibrer, je tente de nouveau la reconstruction d'une vie à deux.....dans nos campagnes, les rencontres sont tellement difficiles....(pas trouvé de "contacter l'auteur ici... Belle continuation à toi et bonne chance...!
RépondreSupprimerMerci de votre commentaire. Alors, pour "contacter l'auteur", il faut écrire ici : leperequirecompose(arobase)Hotmail(point)fr
SupprimerC'est pour éviter les pubs :)