mardi 20 novembre 2012

Dialogue intérieur, communications non verbales et téléphone




Rappel de l’épisode précédent : Une fontaine d’eau pétillante m’a obligé à enfiler un pantalon de costume sans avoir le temps de mettre un  caleçon et à conduire sur une glacière souple.

Après 10h de voyage, dont la fin dans un brouillard épais, j’arrive enfin à l’hôtel. Bel hôtel semble-t-il.
Je gare ma voiture en marche arrière de façon à empêcher un accès trop facile au coffre : aucune envie de trimballer les nombreux produits que je transporte. Il est 23h30, je veux me poser.

Je me présente à la réception.  L’hôtesse m’accueille avec des mots que je ne comprends pas, ce qui est souvent le cas quand je suis à l’étranger : je ne parle qu’anglais et un peu d’espagnol. Je réponds donc en anglais. Après les formalités d’usage – copie du passeport, empreinte de carte bleue, hygiène des dents (non là j’exagère) – elle me donne ma clef. Clef qui est une carte d’ailleurs. C’est fini les clefs

Je prends l’escalier qui mène à l’étage de ma chambre. Pas de lumière. Mais l’éclairage des voyants de sécurité « sortie de secours » (c’est une traduction) est fort et suffisant pour se diriger. Dans le couloir, même constat, pas de lumière. Mon impression générale sur la qualité de l’hôtel en est un peu modifiée. Mais tout semble propre

La carte n’est pas démagnétisée, la porte s’ouvre. La chambre n’est pas occupée, tout va bien. Par contre, il y fait un froid terrible. Ce qui semble normal car la fenêtre – un velux - est ouverte. En voyant la hauteur à laquelle se trouve le système de fermeture, je constate que les indigènes (non ce n’est pas péjoratif) sont vraiment très grands. Je monte sur une chaise et j’essaye d’actionner le mécanisme de verrouillage. Ils ont grands mais il n’y a pas de raison qu’ils soient aussi beaucoup plus forts. Non, tout est bloqué. Je cherche un bouton, une targette, un loquet… rien

Je reprends le couloir et l’escalier, dans le noir, et retourne à la réception. L’hôtesse se lève et me dit qu’elle va venir voir. Nous reprenons l’escalier et le couloir dans le noir. Elle a beau agiter les bras dans tous les sens en avançant, aucun détecteur ne se déclenche. Elle dit « there’s something wrong with the light ». Je suis d’accord.

L’hôtesse est de taille normale. Elle attrape la chaise et monte dessus. Et non pas de catastrophe, juste un dialogue intérieur…

-          Tu ne regardes pas ses fesses s’il te plait.
-          Pourquoi ?
-          Parce-que ça ne se fait pas.
-          Mais elle ne remarquera pas !
-          Là n’est pas le problème. Ça ne se fait pas. Imagine que ce soit une caméra cachée ? Non, n’imagine pas, en fait, même si c'était le cas, le problème n’est pas là, ça ne se fait pas, même si personne ne te voit regarder !
-          C’est con. Ça gêne en quoi ? Elles sont jolies. Je ne vais pas baver ni lui sauter dessus !
-          J’espère bien !!! Mais ça ne se fait pas !
-          Ok…
-          C’est ça, regarde tes messages sur ton téléphone, ce sera mieux…
-          C’est idiot après un voyage si long et … humide. Cela aurait été comme un réconfort.
-          On s’en fout. Tu n’es pas un chien qui sent les fesses des filles.
-          Je n'ai pas parlé de ça, juste regarder un peu.
-          C’était une image.
-          Ah bon. J’aurais préféré une autre image…
-          N’insiste pas !


L’hôtesse  quitte finalement  son perchoir. Le verrou est tout en haut du velux, derrière le panneau avant… qui est le concepteur de génie qui a imaginé ce système ? Ça ne sert à rien.

Savait-il que c’est juste frustrant.

Et les femmes savent-elles a quel point certaines de leurs positions sont sources de conflit intérieur pour un homme hétéro ?

Je me le suis souvent demandé.  Pour avoir entendu plusieurs fois la remarque de collègues féminines – très féminines – dont le décolleté ou le string-qui-dépasse avait attiré les yeux d’un pauvre collègue masculin  et suscité en conséquence leur courroux ou leur indignation, je me suis dit parfois qu’il y avait une certaine malice à cette attitude - comment pourrait-on la qualifier ? Je ne sais pas, je ne m’y risque pas ! « Malice » est déjà trop péjoratif– à laquelle un homme ne peut pas rester insensible.

En fait, il y a surtout problème quand celui qui cède à la tentation et jette un œil ne plait pas à celle qui dévoile  – de façon plus ou moins raffinée – certains de ses « avantages »...

 J’ai du mal à n’y voir qu’une parfaite innocence ! Mais l’expérience de vieux singe, ou ours, ou  je ne sais quoi d’autre que j’ai acquise – il faut bien acquérir quelque chose - m’a appris que lorsque que la femme souhaite que vous « jetiez un œil », elle se débrouille pour ne pas vous regarder et vous laisser le temps de « profiter » sans que vous courriez le risque d’être pris en flagrant délit ! La pose est un peu plus longue que nécessaire, le regard détourné un peu trop loin, ce sont les signes d’un accord tacite, d’un message qui dirait « regarde mais soit discret et domine toi, je surveille ! ».

Je suis rentré d’une seule traite avec la musique à tue-tête. Juste une pause physiologique. Rien de notable au retour et à l’arrivée. Juste le fait que sur une vingtaine d’appels passés à la maison, mon père n’a réussi à décrocher qu’une seule fois. Aujourd’hui on va s’entrainer à la manipulation – très simple, un seul bouton pour répondre – de cet outil…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire