vendredi 4 octobre 2013

Une autre émission...

...sur la maladie d'Alzheimer, sur France culture.

Le moins que l'on puisse dire est que l'on ne va pas vers des jours joyeux. Ce n'est pas un mystère, et à part le principal intéressé, tout le monde en est conscient.

Je suis bien convaincu que c'est une forme familiale. C'est évident. Le frère, la sœur, la mère sans doute. Et bien sûr, j'en éprouve une certaine angoisse. Pour moi, mais aussi pour mes enfants. Serai-je assez lucide pour voir arriver le monstre, je n'en suis pas sûr. Pourvu que je trouve la force plus tard... etc.

Je suis un "aidant naturel".
La source des données est indiquées plus bas [1]. Il y en a d'autres.
61% des aidants naturels sont des femmes : Je suis un homme (dragueur ou non, la question reste ouverte, mais là n'est pas le sujet, n'est-ce pas ?).
32% ont entre 35 et 49 ans : c'est limite, mais c'est ça. Je ferai bientôt partie des 30% qui ont entre 50 et 64 ans.

"Leur charge de travail est estimé à plus de 6h par jour pour 70% des conjoints et 50% des enfants".
Nous n'en sommes pas là. Intéressant d'ailleurs d'estimer cette charge.

Je passe 30 minutes le matin pour préparer le repas en semaine plus 15 minutes le vendredi, jour de douche et lessive (je lave séparément les affaires de mon père qui, malgré un grand nombre de lessives, ont conservé l'odeur de son appartement. Plus d'un an après, il reste une odeur spécifique).
30 minutes supplémentaires le soir pour le repas que je ferais sans doute plus "rapide" bien souvent (nous aimions beaucoup les grosses salades mais la dentition de mon père ne lui permet pas d'en manger). Cela ne fait qu'une heure par jour. On peut y ajouter un peu de nettoyage spécifique (les toilettes du haut, "anormalement" sales, 45 min pour une mini pièce), des papiers administratifs (1h par semaine en moyenne) et des rendez-vous chez médicaux (1 jour par mois en moyenne).
Finalement rien de bien grave. Les enfants génèrent la même charge.

Je m'en sors donc bien...

Ce qui est différent, c'est l'incapacité à l'apprentissage. Un enfant apprend et retiens. Pas un malade. Il faut répéter sans cesse. Il faut écrire et mettre le papier bien en vue pour éviter de devoir s'épuiser en répétition.
Un enfant ne raconte pas toujours la même chose. Les mêmes histoires. A tel point que l'on en vient à craindre les mots déclencheurs. Chez nous, il y a "Corse", "Russe", "Casino", "Juif", "Bretagne", "Mercedes" et d'autres. CHacun étant lié à une anecdote précise. Anecdotes qui, soit dit en passant, ne correspondent pas forcément à la réalité, j'ai pu le vérifier, ayant éé présent au moment des faits pour certaines d'entre elles.

Il est fort probable que je pousse un jour la porte d'une association, France Alzheimer [2] probablement.
Il faut que ça murisse.

Il y a aussi l'accueil de jour [3] pour les malades qui permet aussi aux aidants de souffler.
J'y pensais comme un moyen de "stimuler" la mémoire de mon père. Il ne veut pas. "Je suis bien à la maison". Il ne décidera pas. Désolé. Pour l'instant, je repousse, mais ça se fera. Certes, il fait des mots fléchés et des réussites mais cela n'est pas suffisant. Il ne voit personne toute la journée, ne parle à personne, ne sort pas et reste absorbé par la télé.
 De plus, je parle peu. Je suis globalement insatisfait de la tournure qu'a prise ma vie et j'ai du mal à être détendu et loquace. Non, je ne suis pas parfait. Je subis cette situation, c'est claire, inutile de mentir.

"Moi, moi, moi, je, je ,je", sans doute. "Moi, moi, moi, je, je ,je" j'étouffe tout de même un peu parfois. Ne pas oser inviter des amis chez soi, ne pas pouvoir partir serein en week-end, c'est pesant. Définitivement pas ce qu'on attend de la vie à 50 ans (je me vieillis d'une année, c'est pour m'habituer).


Et bien tout cela fait que je n'en finis pas de balancer entre le désir d'être en accord avec mes principes, ma ligne de conduite et l'envie grandissante de goûter à plus de choses, contraires à ma morale.
Car les choses permises finissent par être ennuyantes.

Le salut serait-il dans la transgression ?

Un peu décousu ce post. Mais après tout, qu'elle importance...


[1]  http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-03/maladie_dalzheimer_-_suivi_medical_des_aidants_naturels_-_argumentaire_2010-03-31_15-38-54_749.pdf
[2] http://www.francealzheimer.org/
[3] http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/-les-acteurs-du-plan-alzheimer-pres-.html

5 commentaires:

  1. tu vois, t'as des fantasmes!
    plus sérieusement, héberger ses parents n'est pas chose facile...
    ma mère (66 ans, pas du tout malade!) voudrait "colocater" avec nous... pour baisser les frais de tout le monde... je comprends le fil de sa pensée...
    mais je suis mariée, j'ai 42 ans, les enfants seront bientôt partis (surtout la grande! le petit encore qq années!)... je veux pouvoir être chez moi, embrasser mon homme où et quand j'ai envie, sans que ma mère ne soit juste à côté... et quand je dis embrasser...!
    mais si elle était malade, je n'hésiterai pas!
    mais fais-toi aider, s'il te plait, pour ta santé à toi! :)

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  2. D'accord avec Emma, fais-toi aider....

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  3. Je ne sais pas... dans ma famille, nous n'avons pas eu "le choix" en fait. Je n'arrive pas à te dire "fais-toi aider" ou "trouve une solution alternative d'hébergement" (façon polie de dire - maison de soins), ou continue pendant que tu en as encore la force et la volonté...
    Je ne sais pas.

    Ma mère est tombée malade, et dans les semaines/mois suivants, elle était déjà TROP malade pour que des soins "à la maison" soient acceptables. Je n'ai pas eu à réfléchir à cette question en fait. Est-ce que je l'aurais accueillie chez moi ? J'étais en recompo à l'époque... moi j'aurais dit oui sans hésiter, mais la famille de Monsieur aurait refusé - le cas échéant, j'étais bien capable de quitter "Monsieur" pour prendre soin de ma mère - et pourtant on n'avait pas beaucoup de tendresse l'une pour l'autre... mais c'était ma mère.

    Mais les soins, les transfusions, tout était déjà trop compliqué, le contrôle de la douleur, le fauteuil roulant, etc...
    A ce stade de la maladie, on ne demande plus à la famille d'intervenir, les toubibs prennent le relais obligatoirement.

    Pour ton Papa... il me semble que tout père serait fier d'avoir un fils tel que toi. Il me semble que toute femme serait fière d'avoir un compagnon tel que toi, capable de prendre soin de sa famille même si cela lui coûte du temps, demande des efforts, des sacrifices, etc...
    Et il me semble que toute personne serait fière d'avoir un ami tel que toi.

    Alors... je me dis que lorsque tu ne te sentiras plus capable de porter cette responsabilité, quand la situation sera plus difficile, tu le sauras et tu agiras sûrement en conséquence.
    Pour l'instant, tu fais preuve de courage, d'abnégation, et d'une extraordinaire dignité, que beaucoup pourraient t'envier alors...

    ... quoique tu fasses, décides, moi je te respecte, t'admire et te fais de gros bisous !

    Sinon, pour la gaudriole, bôf, personne ne prétend être parfait. Et là encore, je suis sûre que tu sais toujours te fixer la limite qui convient à tes principes fondamentaux. Le moment venu, tu sais.

    Bon Dimanche Padre :)

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  4. Tu sais que j'ai été directement concerné. Alors il y a deux ou trois trucs que je sais :

    - Ce n'est pas familiale. Non. Ni génétique, ni contagieux comme dit le neuro.
    - L'entrainement ne sert à rien. Vraiment à rien. Les réussites, les mots fléchés, ni curatif, ni préventif.
    - La vie sociale non plus. Voir au contraire, les changements ont tendance à effrayer les malades, à provoquer des "pertes" et des chocs psychologiques qui ont tendance à aggraver les choses.

    (je te parle là des symptômes et conclusions vues avec mon père et confirmés par le neuro et l'équipe qui s'occupait de lui).

    La bonne nouvelle c'est que les associations sont souveraines pour les aidants naturels. Elles font le taff, vraiment. Elles donnent des pistes, de l'air, du soulagement, elles déculpabilisent, elles aident, elles libèrent, elles permettent aussi de trouver des solutions pour le quotidien et la vie sociale. Elles mettent des mots sur les maux.

    L'accueil de nuit aussi peut faire le boulot. Parce qu'il te faudra dormir aussi à un moment ou un autre. C'est ce qui faisait le plus défaut à ma mère. Le sommeil.

    Je te souhaite de trouver l'équilibre. Ce qui fait de toi le fils qu'il aime, le père que tes enfants aiment, le respect qui fait de toi l'homme humain et généreux qui transparait dans tes écrits.

    Bises !

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    1. Merci Lapunaise. On va voir à quelle vitesse évolue la maladie. C'est l'inconnu. Je cherche encore comment continuer la réorganisation de la maison pour retrouver une vie sociale... Pour les enfants et moi.

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