Et voilà, la chambre de grande aînée s'est vu elle aussi vidée de ses affaires essentielles. Le déménagement est pour ce week-end.
Si je me réjouis que grande aînée reprenne un cycle de vie normal - en fait réjouir est un peu faible - j'éprouve tout de même une certaine tristesse voir sa chambre vide.
Sentiments étranges que ceux qu'éprouvent les parents quand leurs enfants les "quittent". Mélange complexe de soulagement, d'angoisse, de gaîté et de tristesse.
La maison n'est pourtant plus jamais vraiment vide car mon père est là en permanence maintenant. Je devrais par contre en éprouver une vraie joie mais c'est surtout fatigue et contrariété que je ressens. Fatigue de devoir préparer des repas qu'il puisse manger, fatigue de devoir nettoyer et ranger les désordre d'un nouvel habitant. Contrariété de ne pouvoir sortir comme je le veux. Je n'ai pas eu le courage de le laisser seul hier soir et j'ai décliné une sortie avec des amis.
Il m'attendrit parfois. Mais je pense que je résiste inconsciemment. Je n'ai pas analysé plus précisément les raisons de cette réticence. Elle sont certainement mêlées de la crainte de souffrir en s'attendrissant pour une personne malade, de cette impression de manque de reconnaissance ou d'ingratitude pour le travail supplémentaire à accomplir quotidiennement que sa présence parmi nous génère, mais aussi du souvenir des années où n'a brillé que son absence d'intérêt pour ses petits enfants et pour moi par la même occasion. Peur de souffrir et rancune si l'on résume. On pourrait aussi ajouter peur de l'effet miroir qu'il me renvoie.
Mais la perte de liberté qui résulte de cette nouvelle configuration familiale est vraiment dure à vivre pour moi. Je perds la présence de mes aînées, les discussions que nous avions et je récolte des taches ménagères supplémentaires et le ressassement d'histoires 100 fois entendues.
L'homme s'adapte. Je m'adapterai.
J'ai reçu les impôts aussi. Je ne comment pas plus mais je ne manquerai pas de poser sur le papier mes réflexions désagréables.
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