Mon petit père

J'ai les yeux qui piquent. De fatigue oui mais pas seulement.

A 17h15 il a fini sa sieste et pris son thé.
A 18h00 nous sommes allés acheter des jeux à gratter.

Ensuite, je suis sorti et revenu avec mon amie à 20h00. Nous devions aller au restaurant tous les trois.

Il était couché sur le canapé, se plaignant de violentes douleurs abdominales. Il avait vomi.

Les médecins ne se déplacent plus chez nous. Il faut appeler le SAMU. Un médecin a demandé des éléments pour un diagnostic par téléphone. Il a demandé si nous pouvions rejoindre par nos propres moyens le médecin d'astreinte qui officie à l'entrée de l'hôpital. C'est cette permanence qui reçoit les patients.
Mais non, pas possible que mon père se déplace seul.

Les pompiers sont arrivés rapidement : aucune ambulance privée n'était disponible.

Nous sommes arrivés aux urgences à 21h. L'enregistrement a pris 5 minutes. Il est passé à 1h30. A 3h30 j'ai pu le rejoindre.
La suite a été rapide. J'ai vu le médecin. Je résume. Analyse de sang révélant diverses choses en particulier, une inflammation du pancréas. Présence d'un calcul dans un canal que je ne saurais pas nommé. Et de la fièvre. A 4h15 il était dans une chambre.

J'ai téléphoné vers 10h comme convenu. Mais il fallait rappeler.
Et c'est le médecin qui m'a appelé. En deux mots à peine voilé il m'a reproché de ne rien avoir fait depuis 6 mois, la date des examens montrant une "grosse rate". Je n'ai rien répondu.

J'ai le dossier médical depuis fin septembre. Nous avons vu deux médecins à qui j'ai présenté ce dossier. En particulier en novembre quand il a eu de la fièvre pendant une journée seulement.
Et puis un autre médecin en décembre. Rendez-vous était pris pour ce mardi dans un service de gastro-entérologie.

Les examens complémentaires confirme la pancréatite.

Le problème connu pour lequel on m'a fait comprendre qu'il n'y avait pas grand chose à faire, c'est la grosse rate et l'anomalie hémato. En mots voilés, une sorte de leucémie de personne âgée contre laquelle on ne fait rien ou pas grand chose.

La pancréatite est-elle une cause de cet état ? Je crois que j'essayerai de le savoir.

Je suis donc coupable. Coupable de négligence. J'aurais certainement dû prendre moi-même rendez-vous avec un spécialiste. Un spécialiste de quoi ? Je ne sais pas. J'aurais opté pour un cancérologue. Je me serais trompé.

Quoi qu'il en soit, j'emmerde ce médecin. 
J'emmerde ce médecin qui ne connait rien de nos vies et nous juge.

Mon petit père. Le voir si maigre, perfusé et couché dans cette chambre d'hôpital est dur. Il répète sans arrêt les mêmes choses. Il ne se souvient pas parfois pourquoi il est là. Il se souvient toujours de la douleur. La pancréatite est soudaine et très douloureuse. Elle s'atténue depuis ce midi. De plus, il est ce soir sous morphine.

J'irai demain. A midi sans doute. On me posera des questions auxquelles je ne pourrais pas répondre. Non, nous n'étions pas très proches pendant longtemps.

P.S. :
Je ne le fais pas généralement mais merci de ne pas poster de commentaires tentant de me "déculpabiliser".